Tamedia renouvelle sa direction en Suisse romande, les rédactions s'inquiètent
Tamedia réorganise son pôle éditorial en Suisse romande afin d'y "accélérer la croissance numérique de la marque 24 heures et de professionnaliser davantage la gestion des marques". Chantal de Senger assumera le rôle nouvellement créé de Brand Business Manager pour toutes les marques romandes ainsi qu'Executive de Tamedia en Suisse romande. Eric Lecluyse devient quant à lui rédacteur en chef de la rédaction romande et rédacteur en chef de 24 heures.
Tous deux prendront leurs fonctions le 1er janvier 2025, indique mercredi Tamedia dans un communiqué. L'éditeur avait annoncé fin août sa nouvelle stratégie pour accélérer sa transformation numérique, avec notamment la création d'un Digital Desk transversal. Chargé de la diffusion des contenus, il sera désormais dirigé par Emmanuel Borloz.
En Suisse romande, les rédactions de 24 heures, de la Tribune de Genève, du Matin Dimanche et de Femina formeront désormais une seule rédaction, dirigée par Eric Lecluyse, qui aura aussi pour tâche de renforcer la collaboration avec les rédactions alémaniques. Après avoir été rédacteur en chef adjoint du magazine français L'Express, il a oeuvré en tant que rédacteur en chef du quotidien régional ArcInfo depuis 2017.
M. Lecluyse remplace à la tête de 24 heures Claude Ansermoz, qui quitte Tamedia d'un commun accord avec la Direction, précise l'éditeur. Après plus de 20 ans passés à 24 heures, dont les sept dernières années en tant que rédacteur en chef, Claude Ansermoz a réussi à faire de 24 heures la voix incontournable du canton de Vaud et de ses différentes régions, déclare Simon Bärtschi, directeur éditorial de Tamedia cité dans le communiqué.
De la TdG au Temps
Un changement intervient également à Genève. Le rédacteur en chef de la Tribune de Genève, Frédéric Julliard, va quitter l'entreprise pour relever un nouveau défi au Temps. C'est désormais Olivier Bot, actuellement rédacteur en chef adjoint du titre, qui assurera la rédaction en chef par intérim de la Tribune de Genève.
Au Temps dès le 1er février, Frédéric Julliard sera le responsable d’une nouvelle rubrique lémanique qui réunira les bureaux vaudois et genevois du quotidien, écrit ce dernier dans un autre communiqué. Il travaillera de manière très étroite avec Nicole Lamon, cheffe de la rubrique Suisse, qui reste chargée des correspondants au Palais fédéral, en Suisse alémanique, dans l’Arc jurassien et en Valais.
Nouveau poste
Quant au poste de Brand Business Manager, nouvellement créé par Tamedia et attribué à Chantal de Senger, il couvrira la responsabilité du développement des marques, de leur performance financière ainsi que de la mise en oeuvre de la stratégie. Mme de Senger représentera l'entreprise en tant qu'Executive de Tamedia en Suisse romande et rapportera directement à la CEO Jessica Peppel-Schulz.
Chantal de Senger a plus de 20 ans d'expérience en tant que journaliste, rédactrice en chef et productrice dans le domaine des médias, notamment plus de 11 ans au sein de la rédaction du magazine Bilan, en tant que rédactrice en chef adjointe. Actuellement rédactrice en chef du magazine PRESTIGE et rédactrice en chef adjointe de Immobilier.ch News, cette personnalité genevoise maîtrise l'ensemble de la chaîne de valeur de l'édition et apporte sa compétence en matière de positionnement de marques, relève Tamedia.
L'éditeur note encore que "Christine Gabella, malgré un départ de son propre chef, accompagnera activement notre transformation et assurera une transition en douceur. Christine continuera à nous conseiller et à représenter Tamedia jusqu'à nouvel ordre en tant que membre du conseil d'administration de Keystone-ATS et de Riviera Chablais, ainsi qu'en tant que vice-présidente de Médias Suisses", précise Mme Peppel-Schulz.
Dans un communiqué envoyé en soirée, la Coordination des rédactions romandes de Tamedia se dit "sous le choc" du départ de Claude Ansermoz et de Frédéric Juillard, "deux figures attachées au journalisme de qualité". Les rédactions estiment que la stratégie mise en place par Tamedia n'est pas parvenue à susciter l'adhésion de ses cadres, ni de ses journalistes.
Les collaborateurs romands de Tamedia s'inquiètent par ailleurs du nouvel organigramme, "qui n'apporte aucune promesse d'efficience, ni aucune garantie du maintien d'un journalisme de qualité". Ils demandent des explications transparentes sur les choix de Tamedia, le respect de rubriques fortes et ancrées dans leur territoire, ainsi que l’implication réelle et participative des collaborateurs dans la réorganisation pérenne des journaux.
Licenciements
Le mois dernier, Tamedia faisait savoir que huit licenciements seront prononcés dans les rédactions romandes du groupe, sur les 17 au total. Ces chiffres ont été obtenus après des procédures de consultation, des départs volontaires, des retraites anticipées et des réductions du temps de travail, sachant qu'en août le groupe zurichois avait annoncé la suppression de 90 postes à temps plein dans les rédactions.
Erwan Le Bec, président de la Société des collaborateurs de 24 heures, explique que ces huit licenciements sont des équivalents temps plein. Onze personnes sont donc concernées. Au total, 40 collaborateurs seraient concernés "par autant de mesures sur l'emploi qui vont du licenciement complet aux retraites anticipées, en passant par des réductions de temps de travail, etc. Une partie de ces mesures ont été prononcées, comme le dit Tamedia, sur des collaborateurs qui se sont annoncés dans un guichet volontaire, reflet du malaise au sein des rédactions. Mais le reste demeure des mesures imposées par décision de l'employeur." De plus, 20 collaborateurs externes seraient touchés par une fin de collaboration.