Genève

Tariq Ramadan: «Ce n’est pas terminé, je continuerai à me battre»

24.05.2023 19h20 Rédaction

Acquitté par le Tribunal correctionnel de Genève, Tariq Ramadan accorde un entretien exclusif à Léman Bleu.

Les premiers mots de Tariq Ramadan sont pour sa femme, ses enfants et sa famille, «je ne serais pas devant vous s’ils n’avaient pas été là. La situation était difficile, j’aimerais renvoyer à ce que cela veut dire d’être accusé à tort par une femme qui ment, qui a menti sur des faits et qui m’accuse de choses que je n’ai jamais faites.»

«Je ne suis pas acquitté au bénéfice du doute»

L’islamologue salue «la manifestation de la vérité» qui accompagne ce verdict. «En venant à ce procès, je n’avais peur que d’une chose. Je n’avais pas peur de la vérité, car la vérité je la connais. Je n’avais peur que de la pression médiatique et de la pression politique. Je suis content que la justice suisse ait fait acte d’indépendance.»

Pour lui, cet acquittement n’est pas seulement le fait d’un manque de preuves, mais aussi de mensonges de la partie adverse. «Je ne suis pas acquitté au bénéfice du doute, je suis acquitté parce ma version était cohérente, consistante et porteuse de la vérité.»

«J’accuse!»

À l’issue du verdict, l’une de ses avocates Me Yaël Hayat a déclaré: «La vérité est en marche», référence au «J’accuse!» d’Émile Zola publié dans l’Aurore. Sans vouloir se comparer à Dreyfus, Tariq Ramadan déclare: «Que tous ceux qui défendent la cause de la femme sachent qu’une femme qui accuse un homme à tort pour des choses qu’il n’a pas faites détruit et salit la cause des femmes. (…) J’accuse celles et ceux qui, au nom de leur détestation d’un homme, d’une pensée, ou d’un intellectuel, finissent aveuglément par soutenir sans aucune précaution, sans aucun amour de la vérité, une femme uniquement parce qu’elle est une femme, ou parce que cela convient à leur engagement idéologique.»

«Ce n’est pas un homme que l’on juge, c’est un nom»

Une plainte pour calomnie a été déposée par Tariq Ramadan contre la plaignante suisse Brigitte*. Il revient sur son combat juridique vécu comme un «enfer personnel» par lui-même et sa famille «minée de l’intérieur.» Il s’en prend frontalement à l’ère #Metoo, qui selon lui sacralise la parole des femmes: «La seule chose qu’il faut sacraliser dans un tribunal, c’est la vérité.» Il appelle les plaignantes à faire leur examen de conscience et à cesser «de s’enfoncer dans leur mensonge». 

Selon lui, ces affaires visent avant tout ce qu’il représente: «Ce n’est pas un homme que l’on juge, c’est un nom. C’est Tariq Ramadan l’intellectuel, l’islamologue. Si je ne m’appelais pas ainsi, les affaires auraient été classées immédiatement, scande-t-il. La meilleure intelligence, c’est celle de l’État de droit, de la justice et de la vérité, jamais des fausses accusations.» 

«Ce n’est pas terminé»

L’islamologue devra affronter un procès en appel et probablement faire face aux tribunaux français. Une situation qu’il juge «plus délicate là-bas à cause de la pression politique». Il affirme, notamment, «que l’instruction française est mal menée et est à charge». Il a d’ailleurs demandé le dépaysement du volet français.