Genève

Tariq Ramadan de nouveau devant la justice

24.05.2024 19h34 Denis Palma

Tariq Ramadan

L’islamologue est jugé en appel après avoir été acquitté des accusations de viol et de contrainte sexuelle pour des faits qui se sont déroulés en 2008.

C’est dans un nouveau décor avec de nouveaux juges que s’avance ce procès en appel. Le président du tribunal, Fabrice Roch, est un magistrat chevronné, connu pour sa rigueur, son impartialité et son intégrité. C’était lui qui avait repris en main le procès de la sociothérapeute Adeline sauvagement assassinée dans les bois de Versoix. C’est un homme de dossier, un taiseux. Le magistrat idéal pour un procès en appel où il est surtout question de juger précisément sur dossier. 

Les débats devraient être, par ailleurs, plus serein qu’en première instance où l’on a vu dans la salle pro et anti Tariq Ramadan s’affronter, s’invectiver. Cette fois-ci, la salle dans laquelle se déroulera le procès est petite. Elle offrira une capacité réduite au public. Moins de 30 places.

Deux nouveaux témoins seront entendus

Deux nouveaux témoins seront entendus à la demande de la plaignante.Selon le journal Le Temps, il s’agit de "Stéphane Lathion, spécialiste de l’intégration des musulmans en Suisse. Ancien ami de Tariq Ramadan devenu depuis l’un de ses plus grands détracteurs. L’autre est l’auteur du fameux courrier anonyme adressé à la défense juste avant le premier procès. Cette lettre avait entrainé la convocation du polémiste Dieudonné". Deux témoins qui ne devraient pas peser lourd dans la balance des juges, estiment plusieurs sources proches du dossier. 

La controversée pénaliste vaudoise Véronique Fontana dans le prétoire

Autre nouveauté: 'l'équipe de la partie plaignante change: Brigitte a abandonné ses avocats français pour engager la controversée pénaliste vaudoise Véronique Fontana, qui a présidé le TCS Vaud et défendu l’assassin récidiviste Claude Dubois. Elle a par ailleurs été radiée du barreau vaudois durant 4 mois après avoir été condamnée dans une affaire de surfacturation. À ses côtés, l’avocat genevois Me Robert Assaël, continue à défendre la plaignante de 56 ans, même si cette dernière a cherché à rompre avec lui.

En revanche, rien ne bouge dans les rangs de la défense. Surtout pas sa stratégie, celle qui l’a fait gagner en première instance. Celle qui a amené les juges à reconnaitre un «doute insurmontable». Ce doute, il se nourrit de l’absence de preuves matérielles, des divergences entre les médecins, des témoins aux souvenirs partiels et des messages d’amour avant et après les faits envoyés par la plaignante à Tariq Ramadan. Pour Brigitte et ses avocats, ce procès en appel constitue une véritable montagne à escalader. 

Un procès suivi en France

Ce procès sera aussi suivi en France. L’islamologue genevois y est accusé de viol par 4 femmes: mais la justice française est partagée sur ces procédures. Contrairement au juge d’instruction, le procureur a récemment demandé l’abandon de 3 des 4 procédures. La décision devrait tomber au mois de juin. Un nouvel acquittement de Tariq Ramadan à Genève donnerait un signal certain à la justice française.

Enfin concernant le verdict, c’est l’inconnue la plus totale. Quelques jours ou deux semaines après le procès, la justice n’a pas tranché cette question.