«Tout à coup, mon fils est devenu un danger pour la société»
Jérémy, c’est le nom donné à l’activiste de 23 ans en détention provisoire à Champ-Dollon depuis 74 jours. Il est soupçonné d’avoir pris part au sabotage de machines de chantier sur la gravière Holcim, pour alerter sur l’état de la planète. Dans la rue la résistance s’organise, sa maman témoigne à visage découvert.
La maman de Jérémy* déclare d'emblée que «ce n’est pas avec la joie» qu'elle témoigne ce soir en direct. La femme tenait à livrer sa version des faits pour une raison importante: «Il y a des choses importantes à dire. J’aspire à pouvoir amener ma part de vérité dans cette affaire».
Jérémy* est incarcéré depuis plus de 70 jours. Sa mère dénonce une détention «beaucoup trop longue au vu de l’affaire» en question. L'incompréhension règne en maître au moment d'évoquer les motifs de l'arrestation: «Mon fils a été arrêté pour des faits qui datent du 4 janvier 2022. Il a été arrêté 15 mois après sous prétexte du risque de collusion. Comment un risque de collusion peut tenir la route après tant de mois?», s'interroge la maman de Jérémy*.
Illégalité et acharnement dénoncés
Les conditions carcérales de Champ-Dollon sont pointées du doigt depuis plusieurs années et ce, même par la Cour européenne des Droits de l'Homme. La maman de Jérémy* raconte son calvaire de ce monde «d'une brutalité sans nom»: «Mon fils a le droit à une heure de visite par semaine. On en arrive à faire des tirages au sort dans la famille pour savoir qui peut aller le voir», confie-t-elle.
Des détenus comme Jérémy*, il n'y en pas qu'un et sa maman en a conscience: «Ce n'est pas le seul, je l'entend bien et je crie haut et fort que personne ne devrait avoir à endurer ces conditions carcérales inhumaines».
La mère du détenu évoque plusieurs situtations d'abus de pouvoir à l'encontre de son fils avec une prise illégale d'ADN et un traçage téléphonique à son insu. «La semaine dernière, son carnet de notes personnelles – dans lequel figurent les retranscriptions de ses échanges avec son avocat – lui a été séquestré dans sa cellule sans mandat et sans annonce quelconque alors qu'il se trouvait au parloir», révèle la maman de Jérémy.
«Mon fils n'a pas un jour de plus à faire en prison»
Tout un mouvement de solidarité voit le jour dans la rue autour de cette incarcération. La maman de Jérémy déplore que son fils soit emprisonné pour ses idées, et ses convictions. En phase d’instruction, la détention provisoire de Jérémy* prendra fin le 15 juin, mais peut toutefois être reconduite.