Travaux à la rue de Carouge: colère et détresse chez les commerçants
La deuxième phase du chantier a débuté. La circulation motorisée est coupée entre Plainpalais et les Augustins. Plusieurs enseignes dénoncent une forte baisse de revenus et le manque de soutien de la Ville.
Depuis lundi, plus aucune voiture ne circule entre le rond-point de Plainpalais et la place des Augustins. Seuls les trams continuent de desservir la rue de Carouge, mais pour quelques semaines encore seulement. Sur les trottoirs, parfois réduits à un mètre de large, accéder aux commerces devient un véritable parcours du combattant.
Interrogé, le Maire de Genève Alfonso Gomez informe qu'un groupe de travail étudie d'ores et déjà la situation. «Des propositions» pour venir en aide aux commerçants lésés par une baisse de fréquentation seront prochainement communiquées.
Commerces asphyxiés, aides absentes
Parmi les plus touchés, le magasin d’encens Joymadal. Sa gérante, Sylvia Inkei, dit avoir perdu 60% de son chiffre d’affaires depuis avril. Elle ne se verse plus de salaire depuis septembre. Après plusieurs demandes d’indemnisation restées sans réponse, elle se dit prête à mettre la clé sous la porte. «La Ville dépense 18 millions pour ses travaux et elle n’est même pas foutue d’aider les petits commerçants. Nous, on n’a personne derrière pour payer les loyers ou les salaires», s’insurge-t-elle.
Même constat rue de la Violette. Lorraine Bourbon, gérante du restaurant La Sportive depuis 28 ans, observe une baisse de 20% de son activité. Sa clientèle de quartier, notamment âgée, ne vient plus. «L’accès est devenu dangereux. On venait à peine de sortir la tête de l’eau après le Covid…», déplore-t-elle.
«La Ville dépense 18 millions pour ses travaux et elle n’est même pas foutue d’aider les petits commerçants!» – Sylvia Inkei
Dans un magasin de commerce équitable, Miriam Cormainboeuf s’en sort mieux grâce à une clientèle fidèle et engagée. «Notre clientèle vient à vélo ou en transports publics. On ne dépend pas de la voiture.»
La suite inquiète. À partir du 28 juin, les trams seront remplacés par des bus dans les rues adjacentes. Une nouvelle étape du chantier qui pourrait peser encore plus lourd sur la fréquentation. Katia, commerçante, essaie de rester optimiste. «Si c’est pour avoir à la fin une rue plus belle, plus verte et plus attractive, pourquoi pas…»
Des indemnisations encore à l’étude
Pour l’heure, aucune aide concrète n’a été versée. Trois pistes sont sur la table: une motion PLR prévoyant des dédommagements dès l’approbation des crédits de travaux; une proposition du Centre et des Vert’libéraux en faveur d’un fonds lié aux pertes réelles; et un projet de loi en discussion au Grand Conseil.