Un colloque appelle à un changement de paradigme sur l'Afrique
Une table ronde se tient aujourd’hui à Uni Dufour: «l'Afrique face aux défis du Numérique, de l'Industrialisation et des enjeux de la Culture et du Développement». Elle est co-organisée par le Geneva Africa Lab de l’Université de Genève, et le magazine en ligne Continent Premier. L’occasion de réfléchir aux relations entre l’Europe et l’Afrique.
Ce colloque réunit experts et personnalités influentes, dont le lauréat du prix Goncourt 2021, Mohamed Mbougar Sarr, mais aussi l’architecte et président du Club des Investisseurs du Sénégal Pierre Goudiaby Atepa. Il est un fervent défenseur de l’industrialisation de l’Afrique: selon lui le continent ne doit plus être seulement un lieu d’extraction de matières premières, il veut que la transformation des matériaux y prenne place également: «Nous avons initié ce que nous avons appelé la nouvelle route de l’acier et de l’aluminium, à l’image des nouvelles routes de l’acier des Chinois. Parce que nous pensons qu’il est grand temps que l’Afrique puisse s’approprier la transformation de ces matières premières» martèle-t-il.
Selon lui, le parcours actuel de certaines matières est un non-sens total: «Aujourd’hui, la bauxite est extraite en Guinée, c’est le premier exportateur au monde. Il fait ensuite 15'000 kilomètres pour être transformé à Dubaï et revenir. Je ne parle même pas des effets sur l’environnement de ces gros cargos ! Or Dakar se trouve à 600 kilomètres du lieu d’extraction de la bauxite : pour nous, cela ferait beaucoup plus sens de transformer la bauxite à proximité que de la transporter sur des milliers de kilomètres» explique-t-il.
«La Suisse voit l’Afrique d’hier»
Selon l’architecte, la Suisse et l’Europe doivent changer leur regard sur l’Afrique: «Je crois que la Suisse voit l’Afrique d’hier, l’Afrique a changé et l’Afrique est en train de changer. Nous pensons que la Suisse nous regarde de haut. Tant que vous n’allez pas nous aider à éradiquer la pauvreté dans nos pays, vous allez continuer de voir arriver des migrants économiques» prévient Pierre Goudiaby Atepa.