Genève

Un homme devant les juges pour l'assassinat d'une prostituée

27.11.2023 19h07 Julie Zaugg

Le Tribunal criminel juge cette semaine un homme pour le meurtre d’une jeune femme, escort girl à Genève, en septembre 2019. Son corps avait ensuite été mis dans une valise puis brûlé en France voisine du côté de Thonon-les Bains.

Ils sont initialement deux hommes prévenus dans cette affaire. Un quarantenaire et un jeune de 21 ans au moment des faits. Ce dernier étant français, il a été jugé aux assises cette année et a écopé d’une peine de 13 ans de réclusion. Son comparse vaudois, identifié par la justice et la presse française comme le cerveau de l’affaire, est donc jugé ici cette semaine à Genève.

Pour ce qui est des faits, ils sont particulièrement sordides tels que décrits dans l’acte d’accusation. Le Ministère public dépeint une forme de piège. Le prévenu, client de réseaux de prostitution et habitué du monde des escortes, avait identifié la victime comme ayant un rendement intéressant. Il a donc organisé un brigandage «facile» avec son jeune complice. Brigandage qui aurait dérapé vu la résistance de la victime. Contrainte avec des câbles aux mains, aux pieds et recouverte de taies d’oreiller pour étouffer ses cris, elle est décédée. Vraisemblablement d’étouffement ou d’étranglement. 

Son corps a ensuite été mis dans une valise. Valise avec laquelle les deux hommes sont partis prendre des taxis, direction la France voisine. Le lendemain, dans une commune près de Thonon-les-Bains, ils auraient creusé une fosse pour l’y enterrer après l’avoir brûlé. Le tout pour s’accaparer son argent et quelques biens dérobés dans l’appartement.

Déjà connu de la justice suisse

Le prévenu nie presque tout. La seule chose qu’il admet, c’est d’avoir mis en valise le corps de la jeune femme et d’avoir facilité l’organisation de ce brigandage. Un brigandage commis, selon lui, uniquement par l’autre jeune homme, le petit frère d’un ami rencontré en prison. Car le prévenu est connu de la justice suisse et est déjà passé par la case prison à deux, notamment pour vol avec arme.

Il est en revanche catégorique sur le reste des faits: il n’était pas dans l’appartement, il ne sait pas comment la situation a dérapé, il n’a pas participé à l’enterrement et la crémation du corps. Il charge le jeune complice, qui voulait se débrouiller seul pour régler l’affaire. Il est pourtant vu sur des vidéos surveillance sortant de son hôtel à Évian-les-Bains, entre minuit et 7h du matin. «Amplement suffisant pour participer à tout cela», envisage la présidente du tribunal.

Pourtant, il campe sur ses positions. C’est un prévenu très sûr de lui, ferme, sans être insolent ou méprisant envers le Tribunal. Il s’exprime clairement et beaucoup, voire trop vu tous les détails qu’il donne et les détours qu’il prend dans ses explications.

Celui qui a été décrit par la partie plaignante comme «un caméléon qui change de version selon les aspects du dossier» tient pour l’instant sa ligne. Il répond à des chefs d’accusations d’homicide avec aggravante de l’assassinat, brigandage et atteinte à la paix des morts.