Genève

Un métro sous la rade, symbole de l'ambition du rail genevois

11.12.2024 20h01 Rédaction

Maudet

Pour la première fois, une vision stratégique ferroviaire cantonale émerge à Genève. Parmi les axes privilégiés, un projet majeur: la création d'une liaison ferroviaire reliant le Jura au Salève... en passant sous le Léman. Inauguration prévue à l'horizon 2045.

Les besoins en mobilité évoluent et la vision genevoise aussi désormais. Le Conseil d'État a présenté ce mercredi sa vision politique du ferroviaire pour les 25 prochaines années. «Nous avons réfléchi à une offre en plusieurs modèles qui tient compte de la topographie de Genève, avec un plan d'eau à franchir, un réseau existant très dense et la difficulté de construire en surface», explique le conseiller d'État en charge de la santé et des mobilités Pierre Maudet. 

Parmi les grands axes de cette stratégie cantonale, un projet ambitieux: relier le Jura au Salève en souterrain par un métro passant sous le lac, avec un tracé total de 22 kilomètres. Autre priorité, améliorer le réseau du Léman Express et la mise en service de la gare souterraine de Cornavin (à l'horizon 2038). Enfin, la construction d’une nouvelle ligne Genève-Lausanne pour répondre à la demande croissante et garantir une liaison entre les deux villes en cas d'incident est prévue, ainsi que l'optimisation de la liaison Genève-Lyon avec la mise en place d'une offre CFF qualitative entre les deux villes.

«Une deuxième colonne vertébrale»

«L'ossature des transports en commun de Genève, c'est ce Léman Express. Mais c'est un squelette encore partiel, une colonne vertébrale», constate Pierre Maudet. Si le but premier de la stratégie dévoilée ce jour reste l'optimisation du Léman Express actuel, le conseiller d'État en charge des Mobilités indique que ce point sera insuffisant. 

Pierre Maudet souligne l'importance du noeud ferroviaire que représente Cornavin, tout en attirant l'attention sur les travaux (pendant 20 ans) qui attendent ce centre névralgique pour les Genevois. Pour contrer les obstacles à venir, le Conseil d'État est d'avis qu'un complément de réseau s'avère indispensable. 

Il épousera un tracé entre le nord et le sud du canton. «Un Léman Express 2» sur «un couloir de passage pour le moment plutôt oublié», illustre Pierre Maudet en expliquant cette deuxième ligne sera destinée à transporter jusqu'à 160'000 personnes par jour du CERN à Saint-Julien en passant par la Rade de Genève. En théorie, le trajet total serait d'une trentaine de minutes, avec une logique purement souterraine. 

«Genève prend en main son destin»

Le coût reste la question épineuse de ce projet ambitieux. Ce «métro genevois» est chiffré à 4 milliards de francs. Si les projets ferroviaires d'envergure passent habituellement par la Confédération, le Conseil d'État veut financer à 50% ce projet pour diminuer l'attente. 

En effet, la sollicitation du fonds d'infrastructure ferroviaire (FIF) de la Confédération, déjà saturé par de nombreuses autres idées autour du rail helvétique, repousserait à 2070 la réalisation d'un tel projet. Genève voit grand et souhaite passer par le fonds dédié aux routes nationales et aux projets d'agglomérations (FORTA). Pour cela, Pierre Maudet a pensé un processus novateurs avec des partenariats impliquant des ressources cantonales, des partenariats transfrontaliers et des soutiens de Berne.

Genève a-t-elle la folie des grandeurs? «En période d'Escalade, il faut se montrer offensif, le but c'est de rassembler le front le plus large possible», conclut Pierre Maudet en mettant en avant la pluralité des projets dans la stratégie globale, avec la liaison nationale par le Genève-Lausanne «bis» et le lien vers les grandes lignes internationales avec ce Lyon-Genève.