Genève

Un nouveau projet de traversée du lac menace de faire couler la Voie Bleue

08.10.2024 18h54 Delphine Palma

voie bleue

La Voie Bleue, cette nouvelle liaison lacustre entre Corsier et Bellevue, sera-t-elle vraiment opérationnelle au printemps prochain ? Le doute s’est immiscé depuis que des opposants ont monté un projet alternatif, baptisé Lake Express. Il serait plus écologique et moins invasif. Les autorités cantonales et fédérales doivent encore se prononcer. "Le Courrier" fait part de remous entre les différents acteurs.  

Couler le projet de Voie Bleue : c’est ce qu’espèrent les opposants de cette traversée lacustre joignant Corsier à Bellevue. Depuis 2021, des riverains de Corsier-Port s’opposent à ce projet qu’ils jugent trop polluant et mal pensé. 

Une nouvelle proposition, portée par des financiers privés et reliant Cologny à Bellevue, est reçue bien plus favorablement.« C’est un projet qui apparaît durable, là où la Voie Bleue consomme 66 tonnes de diesel par an, et qui choisit les bons débarcadères là où Corsier est inaccessible pour plusieurs catégories de la population » réagit Maitre Romain Jordan, avocat des opposants: « Donc un projet durable, agile et sans fond public, qui ne peut qu'être encouragé.» 

Ce nouveau projet baptisé «Lake Express», ses initiants ne veulent pas encore en dévoiler les détails. Mais on peut en avoir un aperçu sur leur site internet. 2 bateaux électriques sur foils ont déjà été commandés et une demande de concession va être déposée à Berne d'ici la fin du mois d'octobre.  

Site pallafitique inestimmable

Ce nouveau projet a les faveurs de Pierre Corboud. Cet archéologue a dirigé les fouilles d’un site pallafitique situé juste au large du débarcadère de Corsier-Port. Depuis le début, il s’oppose à une activité accrue aux abords de ce site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.

«Dès qu'il y a une modification des courants et des mouvements d'eau, cela remanie l'ensemble du fond du lac et la conservation du site n'est plus assurée.»   Pierre Corboud, archéologue

L'archéologue recommande à minima un contournement de la zone par les navettes. Mais n’ y croit pas. « Dès qu’il y a un peu de bise, cette baie de Corsier est extêmenet agitée. Il serait très difficile de remplir les conditions de conservation que nous avons demandées. Mais si elles l’étaient, l’archéologie n’aurait pas d’opposition.» 

Voie Bleue, un "projet mûr"

Sur l’autre rive, Bellevue croit depuis le début en ce projet de Voie Bleue. Soutenue par 12 communes autour du lac, par la CGN, et par la banque Lombard-Odier qui construit ses nouveaux bureaux à Bellevue, la Voie Bleue est déjà bien avancée. Une demande de concession à l’Office fédral des transports (OFT) a été déposée en juillet. Autant dire que le projet concurrent n’ébranle pas l’édile de Bellevue.

 « Aujourd’hui, nous avons signé une convention de financement. C’est un projet mûr alors que nous n’avons aucune idée de quand l’autre projet pourra aboutir.» Bernard Taschini, maire de Bellevue.  

« Nous voulons utiliser les infrastructures existantes, les bateaux et les ports existants, pour réaliser à moindre cout cette période de test de 3 ans » conclut Bernard Taschini. 

Même son de cloche de la part de la CGN qui nous indique par écrit, via son président Benoît Gaillard. « Nous n’avons pas connaissance à ce stade d’un autre projet et restons confiants pour la mise en œuvre de la Voie Bleue au printemps 2025. »

Contacté, le Département de la santé et des mobilités ne veut  pas se prononcer pour l’un ou l’autre projet. Il attend pour cela le retour de l’OFT à Berne sur les demandes de concessions.