Un sous-traitant d’une blanchisserie à l’origine de la méga-pollution de l’Aire
L’enquête sur la pollution de l’Aire se précise. Selon nos informations, un sous-traitant d’une blanchisserie industrielle serait à l’origine du déversement toxique début avril. 130 kg de poissons morts ont été ramassés lors de la plus importante pollution de l'Aire ces dernières années.
Le 2 avril, des milliers de poissons sont retrouvés morts dans l’Aire, sur plusieurs kilomètres. Très vite, les autorités évoquent une pollution d’origine industrielle, sans fournir davantage de précisions. Mais selon nos informations, l’enquête se concentre désormais sur une grande blanchisserie située dans la zone industrielle de Plan-les-Ouates – et plus précisément sur un sous-traitant de cette entreprise.
Sous traintant incriminé
La contamination serait survenue lors d’une opération de transbordement de substances toxiques. Une substance alcaline se serait échappée dans les canalisations, provoquant une hausse brutale du pH de l’eau et la mort massive de la faune aquatique. Le Département du territoire avait confirmé, peu après les faits, que les produits en cause n’étaient pas biodégradables, et que l’impact sur l’écosystème était important. Des analyses avaient révélé un pH supérieur à 12 dans certains tronçons de la rivière.
L’entreprise concernée, basée à Berne, exploite plusieurs sites de blanchisserie en Suisse, dont celui de Plan-les-Ouates. Contactée ce jour, elle n’a pas répondu à nos sollicitations
130 kilos de poissons morts
Selon un décompte réalisé par l’Office cantonal de l’eau, 130 kilos de poissons, soit environ 8000 individus, ont été ramassés sans vie dans le cours d’eau. La pollution n’a pas pu être contenue. Elle s’est propagée du collecteur en aval du pont du Centenaire jusqu’à l’embouchure dans l’Arve, touchant ainsi une longue portion de la rivière.
Contacté, le Département du territoire ne commente pas la procédure en cours. Sa secrétaire générale adjointe indique toutefois que les conséquences environnementales sont graves, et que des mesures de suivi sont en cours d’analyse.
Le montant de l’amende dépendra du nombre de poissons morts
Selon la loi fédérale sur la protection des eaux et son règlement cantonal, la masse de poissons morts est un critère central dans l’évaluation des sanctions financières. Plus l’impact sur la biodiversité est important, plus l’amende peut s’avérer lourde. Dans ce cas précis, une source bien informée évoque un montant pouvant atteindre plusieurs dizaines de milliers de francs. À cela s’ajouteraient les frais d’intervention des services spécialisés mobilisés sur le terrain, notamment pour les analyses, et l’assainissement partiel de la rivière.
Deux dénonciations pénales
À ce jour, deux dénonciations pénales ont été déposées auprès du Ministère public. La première émane de la Fédération cantonale genevoise des sociétés de pêche, la seconde de l’État de Genève. Le Ministère public confirme que la procédure est en cours, sans fournir d’autres éléments à ce stade.