Une étude alerte sur l'absence de fiscalité dans la pornographie numérique

L’industrie pornographique pèse lourd en Suisse. Ces sites internets étrangers génèrent un trafic important dans notre pays, et pourtant, aucune taxation fiscale n'est opérée. Une étude menée par l'UNIGE et le centre Maurice Chalumeau a analysé cette anomalie fiscale. 

Plusieurs sites pornographiques étrangers se trouvent parmi les 20 sites les plus visités en Suisse. Certaines plateformes dépassent même le trafic sur Netflix, mais la pornographie numérique échappe encore à toute fiscalité.

La Dre Giedre Lideikyte-Huber, chercheuse et spécialiste en droit fiscal, rappelle les liens que peuvent entretenir deux thématiques à priori éloignées, comme c'est le cas pour la pornographie et la fiscalité qui sont liées par l'économie numérique. «Avec la numérisation, tout est changé. Nous n’avons pas de règles légales dans le droit fiscal qui nous permettent d’imposer la présence numérique», explique la chercheuse.

Impuissant face au porno

La Dre Giedre Lideikyte-Huber constate que le système fiscal créé il y a plus de 100 ans devient, sous certains aspects, désuet. «Le système a été créé quand il y avait des choses tangibles. Si on était dans un certain pays, on avait une présence physique», détaille-t-elle.

Comment régler cette anomalie? La maître d'enseignement et de recherche au Centre de philanthropie de l'UNIGE indique que la meilleure solution serait une réglementation internationale au vu de l’omniprésence de ces sites. «C’est possible, mais ce n’est pas facile», explique la Dre Giedre Lideikyte-Huber qui précise que l’OCDE travaille en ce sens.

Censure anti-érotique

Pourquoi avoir décidé d'étudier la fiscalité autour de la pornographie? La Dre Giedre Lideikyte-Huber justifie son étude de par le manque de littérature à ce sujet et ajoute: «Si vous prenez les 20 sites les plus consultés dans le monde en 2022, vous verrez que l’on ne parle jamais des trois sites pornographiques qui s’y trouvent. C’est inexplicable».