Genève

Une lauréate du Prix Martin Ennals dénonce le procès Déby au Tchad

14.02.2023 14h35

Une lauréate du Prix Martin Ennals dénonce le procès Déby au Tchad

La Tchadienne Delphine Kemneloum Djiraibé a dénoncé mardi le procès qui s'est ouvert la veille à N'Djaména de centaines de rebelles pour le décès de l'ex-président Idriss Déby Itno.

Photo: KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI

Deux des trois lauréats du Prix Martin Ennals sont à Genève pour quelques jours. La Tchadienne Delphine Kemneloum Djiraibé a dénoncé mardi le procès qui s'est ouvert la veille à N'Djaména de centaines de rebelles pour le décès de l'ex-président Idriss Déby Itno.

'On ne peut parler d'un procès équitable', a-t-elle estimé devant la presse. 'Les conditions élémentaires pour un procès équitable n'existent plus' au Tchad, a-t-elle encore dit.

Cette activiste des droits humains défend depuis plus de 30 ans la cause des victimes et la lutte pour une société démocratique dans son pays. Elle avait contribué aux efforts qui ont abouti à faire condamner l'ancien dictateur tchadien Hissène Habré.

Lundi, plus de 450 personnes ont commencé à être jugées pour l''assassinat' en 2021 du président Déby, tué au front. Les audiences ont été suspendues immédiatement jusqu'à mercredi. Après ce décès, un des fils du président, le jeune général Mahamat Idriss Déby Itno lui avait succédé à la tête d'une junte militaire de 15 généraux. Prévu pour 18 mois, celle-ci s'est prolongée elle-même de deux ans.

Soutien de Macron ciblé

'D'où est-ce qu'on sort ces gens qu'on est en train de juger?', demande Mme Djiraibé. Elle déplore l'arrestation de nombreuses personnes, seulement parce qu'elles faisaient partie de la même ethnie que les rebelles. Et des condamnations prévues à l'avance, selon elle. 'C'est cela que nous dénonçons', insiste la lauréate du prix considéré comme le Nobel des droits humains.

'La répression est le mode de gouvernement de ce système', ajoute-t-elle encore, parlant de 'terreur d'Etat' dans son pays et affirmant que le Prix Martin Ennals revient à tous les activistes dans son pays. Et de s'en prendre à la communauté internationale, notamment au président français Emmanuel Macron, qui continue de soutenir le régime tchadien.

Selon l'avocate, le prix devrait contribuer à protéger davantage les militants. Les trois lauréats de cette année, dont un est en détention, seront honorés lors d'une cérémonie jeudi soir à Genève. Le Prix Martin Ennals, soutenu par la Ville de Genève, est remis chaque année depuis une trentaine d'années par dix ONG.

/ATS