Genève

Une remontée dans le temps le long du Foron

07.05.2022 11h19

Une remontée dans le temps le long du Foron

Les alentours de la douane de Moillesulaz ont été des lieux de passage importants lors de la Deuxième Guerre mondiale pour les personnes qui fuyaient les persécutions nazies (archives).

Photo: KEYSTONE/CHRISTIAN BEUTLER

A Thônex, les eaux du Foron délimitent la frontière entre la Suisse et la France sur six kilomètres. Par sa géographie, la commune genevoise a été un point de passage majeur pour les personnes qui fuyaient les persécutions nazies durant la Deuxième Guerre mondiale. Aménagé le long de la rivière, un chemin mémoriel permet de se souvenir de ces temps troubles au cours desquels des gens ont bravé la mort pour sauver des vies.

Le parcours pédestre est jalonné de 11 bornes présentant les lieux d'entrée en Suisse. Le projet a été imaginé en 2020, précise samedi la commune de Thônex. Il a vu le jour grâce au travail de l'ancienne députée Claire Luchetta et de l'historien Christophe Vuilleumier. Le duo s'est replongé dans la vie locale de l'époque.

La création du chemin mémoriel vise à mettre en lumière cette période sombre de l'histoire et permettre à ces lieux de passage et ces héros ayant joué un rôle lors de la Deuxième Guerre mondiale de survivre dans la mémoire collective, fait savoir la commune de Thônex dans un communiqué.

Une des bornes du parcours évoque le voyage des enfants. Au printemps 1943, alors que la Haute-Savoie est occupée par les troupes italiennes, de nombreux groupes d'enfants et d'adolescents juifs tentèrent de franchir la frontière pour trouver refuge en Suisse. Ils furent aidés par des mouvements de résistance.

Echappant aux rafles du gouvernement de Vichy, plus de 1000 enfants furent ainsi dirigés vers Genève. Plusieurs passages clandestins furent organisés. Les enfants sortaient de la gare d'Annemasse par une porte réservée aux colonies de vacances. Puis, emmenés par un passeur, ils se rendaient jusqu'à la frontière.

Le passeur coupait alors les barbelés installés le long de la frontière, autour de la douane de Moillesulaz et demandait aux enfants de se glisser dans l'ouverture et de traverser le Foron. De l'autre côté, sur la rive suisse, un douanier les attendait. Ces jeunes allaient rester en Suisse jusqu'à la fin de la guerre.

Parfois, un certain Marcel Mangel prenait le train avec les enfants pour les accompagner jusqu'à Annemasse. Le jeune homme s'efforçait de distraire et d'amuser ses petits compagnons de voyage par ses mimiques et ses grimaces. Après la guerre, il allait devenir le célèbre mime Marceau.

/ATS