Vers une 3ème voie autoroutière entre Genève te Nyon
Berne a donné hier son feu vert à la réalisation d'une troisième voie dans les deux sens entre Genève et Nyon. Un projet à 900 millions de francs inclus in extremis dans une enveloppe globale de 14 milliards de francs destinés à entretenir et développer le réseau autoroutier suisse. À Genève, ce changement de cap est perçu par la gauche comme un non-sens. À droite, on y voit une nécessité pour lutter contre les embouteillages.
Changement de ministre des transports, changement d'orientations politiques. Sous l'impulsion du conseiller fédéral UDC Albert Rosti, le National a voté hier une enveloppe de 14 milliards de francs destinée à l'entretien et à l'extension du réseau autoroutier suisse. Longtemps au point mort, le projet d'élargissement de l'autoroute entre le Vengeron et Nyon a été ressuscité et donc inclus in extremis dans ce financement.
Contradiction avec la politique des transports genevoise
Au bout du lac, cette extension du réseau autoroutier entre le Vengeron et Nyon fait tousser sur la gauche du Grand Conseil. «En construisant de nouvelles routes, on va augmenter les émissions des gaz à effet de serre, sachant que 40% de ces gaz sont dus au trafic automobile. Donc, nous allons complètement à l'envers de nos engagements internationaux mais aussi de la politique des transports dans notre canton qui vise à une réduction drastique du trafic motorisé», analyse la députée socialiste Caroline Marti.
«On a des infrastructures qui datent des années 60»
À droite, on estime que l'élargissement de l'autoroute entre Genève et Lausanne permet de lutter efficacement contre les embouteillages. «On a des infrastructures qui datent des années 60. Il s'agit d'une route qui nous relie à la Suisse dont nous avons besoin. Cette autoroute est surchargée, paralysée par les bouchons. Elle est dangereuse. C'est donc une évidence qu'il faut renforcer cet axe routier», se félicite Alexandre de Senarclens.
Selon les Verts, ce projet d'élargissement autoroutier met un coup d'arrêt au développement du rail. «On a appris récemment de mauvaises nouvelles qui concernent le rail pour Genève, ce qui n'est déjà pas très incitatif en termes de transfert modal. La construction de cet élargissement autoroutier ne va pas améliorer les choses», explique la députée écologiste Marjorie de Chastonay.
Une extension autoroutière pragmatique
«Cette nouvelle orientation en matière d'investissements dans l'extension du réseau autoroutier suisse est cohérente mais surtout pragmatique, selon le député UDC Michael Andersen. Les projets genevois ont longtemps été oubliés par Berne, donc c'est une bonne nouvelle. Nous avons des partis dogmatiques à gauche qui ne veulent plus construire aucune infrastructure dédiée au transport individuel motorisé et à la fin, ce sont les utilisateurs qui en payent les conséquences.»
La gauche tentée par un référendum
Quand sera lancée la réalisation de cette 3e voie entre Nyon et Genève sera-t-elle réalisée ? Probablement pas avant 2030. Le conseil des États doit encore se prononcer. La gauche pourrait aussi être tentée de lancer un référendum.