Vigousse fête ses 15 ans en pleine crise de la presse écrite
Vigousse, le petit satirique romand fête cette année ses 15 ans. Un anniversaire discret mais qui résonne dans le tumulte qui frappe la presse écrite. L’hebdomadaire est toujours à flot malgré une perte d’abonnés et un appel aux dons cet été.
C’est aussi ça l’esprit Vigousse. A mi-chemin entre le Canard Enchainé et Charlie Hebdo. «On se situe au milieu de tout ça, on n'a pas l'outrance de Charlie Hebdo ni les moyens du Canard Enchainé, on s'inspire aussi de Fluide Glacial» précise le rédacteur en chef de Vigousse Stéphane Babey.
Vigousse est une SARL qui appartient à celles et ceux qui font le journal. Une trentaine de collaborateurs en tout, dont une quinzaine de dessinateurs comme Bénédicte, genevoise d’adoption. «Avec un dessin, on peut dire des choses pour lesquelles on ne trouve pas les mots. Là j'ai un dessin sur l'excision et la tradition qui réclame parfois le fait de ne pas la criminaliser».
L’hebdomadaire satirique fête ses 15 ans cette année et résiste toujours aux tumultes d’une conjoncture défavorable à la presse, écrite surtout. Un million de budget annuel, 5500 abonnés actuellement, il lui en faudrait un peu plus de 6000 pour assurer sa rentabilité. 1000 lecteurs perdus depuis la guerre en Ukraine, le journal a pour la première fois fait un appel aux dons cet été, et milite en faveur d’une aide publique.
«Pour un journal d'opinion, ça parait un peu étrange, il faut trouver des nouvelles solutions, je pense qu'une aide de l'état est la moins mauvaise» plaide Stéphane Babey.
Depuis Lausanne, Vigousse observe ce qui se passe à Genève et a un regard sans concession sur les restructurations qui frappent la Tribune de Genève. «On a l'impression que c'est le dernier clou sur le cercueil, on fait venir quelqu'un de l'extérieur pour vider les bureaux, mais quelle est la solution à part l'intervention des pouvoirs publics ? Je ne vois pas».
Le petit satirique romand est chaque vendredi dans les kiosques et dans les boites mails de ses abonnés. Un journal de niche qui continue d’aboyer pour titiller à sa façon le débat démocratique, indispensable.