Genève

Zèle contre les Kosovars, deux députées vont porter la question au parlement

28.04.2023 15h31 Rédaction

Dilara Bayrak et Ana Roch

Deux députées au Grand Conseil réagissent aux révélations de Léman Bleu sur le zèle subi par la communauté kosovare concernée par l’opération «Papyrus»

«Racisme d’État», «pratiques discriminatoires», «moyens d’enquêtes disproportionnés», les témoignages réunis par Léman Bleu dans son enquête du jeudi 27 avril font réagir la classe politique. Ana Roch, députée MCG et Dilara Bayrak, députée verte et avocate stagiaire se disent préoccupées par le traitement réservé à la communauté albanophone. Elles appellent l’OCPM et le Ministère à plus de transparence.

Les dossiers kosovars font-ils l’objet d’un traitement particulier? Ana Roch n’y va pas par quatre chemins: «C'est uniquement les dossiers albanophones de Papyrus qui ont été dénoncés et auditionnés par la police», affirme-t-elle sans détour. 

Ana Roch témoin de ces pratiques

«Je suis très à l'aise d’en parler, je pourrais apporter 20 témoignages supplémentaires qui diront qu’on est allé les chercher à six heures du matin, qu’on les a menottés, puis fait dormir aux violons pour une histoire de date ou de nom de rue erroné», s'insurge la députée. Selon elle, les moyens d’enquête déployés par le Ministère public sont disproportionnés: «J’en sais quelque chose, car avec ma fiduciaire, nous avons traité de nombreux dossiers  Papyrus de 2017 à la fin de 2018».

Est-ce une nouvelle affaire Simon Brandt? Ana Roch ne s'y risque pas: «Je ne me prononcerai pas en ce sens, mais cela questionne sur le processus décisionnel. Qui décide de ces pratiques ? Le Ministère public ou l’OCPM? «Notre Constitution nous garantit une égalité de traitement, y compris pour les personnes sans-papiers», rappelle l’élue.

À ses côtés, la députée verte Dilara Bayrak abonde: «les dénonciations systématiques des dossiers soupçonnés de faux sont quelque chose qui heurte notre vision de la manière dont est gérée l'OCPM. Le fait qu'un service de l'OCPM ait pris la décision seul de refuser durant toute une période le chômage à un Kosovar est une injustice qui touche toute une part de la population», regrette-t-elle.

«L’affaire ne va pas s’arrêter là»

«Le Grand Conseil doit se saisir de cette question pour faire la lumière sur ces pratiques. En existe-t-il d’autres?» questionne l'élue. «Le cadre juridique est déjà assez strict, il n'y a pas besoin de rajouter des complications administratives», ajoute la députée verte. 

Ana Roch regrette le manque de transparence quant à la nationalité des dossiers dénoncés à la justice. Ces chiffres, ni l'OCPM ni le Ministère public n'ont accepté de les communiquer. «On doit savoir si d'autres communautés ont subi le même traitement», conclut Ana Roch.

L’OPÉRATION PAPYRUS EN CHIFFRES

- 3500 demandes de régularisation 
- 30% d’entre elles concernent des albanophones
- 440 dossiers dénoncés à la justice
- 230 procédures toujours en cours 
- 160 condamnations ont été prononcées pour faux dans les titres mais aussi pour infraction à la loi sur les étrangers, notamment pour séjour illégal.