Genève

Zones d'ombre et inquiétudes autour de l'agenda des polices municipales

09.12.2021 21h29 Julie Zaugg

agenda L'agenda du club sportif des polices municipales est au coeur d'inquiétudes.

Dans l’agenda du club sportif  des polices municipales, édition 2021, on retrouve pas moins de 53 annonceurs. Des acteurs locaux de l’économie genevoise, des restaurateurs, mais aussi de grands groupes de luxes. Ils ont acheté de l’espace publicitaire, allant du quart de feuille à une pleine page, pour un tirage estimé autour de 500 à 1000 exemplaires. 

Tous ont été démarchés par une même société publicitaire. Une société privée mandatée depuis plusieurs années par l’association du club sportif, mais pointée du doigt depuis peu par des entrepreneurs devenus suspicieux.

D’après eux, le publicitaire au bout du fil joue sur une confusion des genres, laissant croire qu’il s’agit d’un représentant de la police ou d’une collectivité. Autre fait troublant, la destination de l’argent collecté contre publicité change selon le récit. 

Pour un chef d’entreprise, l’argent ira aux activités caritatives de la police municipale. Pour un groupe horloger il s’agissait de financer une fête de Noël. Un autre entrepreneur raconte avoir payé plus de 3000 francs pour aider les agents victimes du covid.

En réalité la somme reçue par le club sportif a une autre vocation, comme l’explique le président du club sportif à notre confrère du journal Le Temps. Des tournois de pétanques, de football à l'international, des frais d'inscriptions divers et du matériel parfois.

Des méthodes peu cavalières

Outre des motifs parfois divergents et peu clairs, des entrepreneurs s’étonnent aussi d’être sollicités de manière répétée, très pressante, pour des montants variant de 500 à près de 20 000 francs. Le président du club admet avoir reçu des plaintes en ce sens, mais nous raconte avoir tout de suite rassuré les entrepreneurs inquiets et demandé à son publicitaire de les rappeler pour s'excuser.

Contacté par téléphone, le responsable de la société mise en cause, UniAccess, nie toute forme de harcèlement téléphonique. "Je vais tout de même vous dire un proverbe que je trouve très juste, un vendeur qui n’insiste pas n’est pas un vendeur!", explique-t-il.

Un chiffre d'affaire qui questionne

Enfin, Sur les 70 0000 francs de chiffre d’affaire qu’indique réaliser la société sur cet agenda,  2000 sont reversés au club sportif chaque année. Un peu moins en 2020, avec la crise covid. Là aussi, notre interlocuteur se justifie en énumérant les postes des coûts fixes et différents frais qu'il rencontre. Et de préciser qu'il n'est "pas bénévole".

Quand à une forme de flou laissé plané sur son identité, il dément toute velléité d’usurpation. Il précise que le statut exact est mentionné dans le Kit Média envoyé à la signature des contrats. Il le concède cependant: "On a pu dire «  agenda de la police municipale », c'est vrai, maintenant on sait qu’on va devoir rajouter à chaque fois "du club sportif", voilà.

Alertée sur cette pratique, la conseillère administrative en charge de la sécurité met en garde. Quinconque fait usage de l'identité de la police municipale s'expose à des poursuites. Pour lever toute ambiguïté sur l’affiliation de la police avec le club sportif, l’élue en Ville de Genève envisage de revoir les modalités de financements de ces clubs et associations par des privés.