Municipales 2025

Bruno Da Silva, la percée du millésime

24.03.2025 19h41 Martin Esposito

À 29 ans, le maire de Thônex est réélu avec près de 70% des suffrages. Fils d’immigrés, entré en politique jeune, son sens politique est salué. Portrait.

C'est la course ce midi. Entre deux leçons – il est enseignant au Collège de la Florence-, Bruno Da Silva nous donne rendez-vous au Parc Munier. Avec lui, Roméo, son teckel. «Il me promène, plutôt que l’inverse», s’amuse-t-il. Dans la rue, quelques passants viennent le féliciter, plusieurs automobilistes le saluent. La veille, le maire (Le Centre) a signé un score canon. 69,3% au premier tour des municipales. Un record pour une grande commune.

«C’est un génie», s’écrie une passante à notre micro. «Il est très à l’écoute, il a fait beaucoup de choses pour les personnes âgées», raconte une Thônésienne assise en terrasse. Lui raconte avoir été submergé par l’émotion lors de la révélation des résultats.

Jeune, très jeune

C’est l’histoire d’un fils d’immigrés portugais, arrivés en Suisse dans les années 80. Après une enfance à Chêne-Bourg, sa famille s’installe à Thônex. C’est à cet âge-là qu’il concrétise son intérêt «pour la chose publique», en rentrant au parlement des jeunes. Vient ensuite une entrée au PDC, puis au Conseil municipal en 2015. En 2020, il est élu au premier tour au Conseil administratif. S’il revendique ses origines, il refuse tout communautarisme. «Je suis le maire de tous les Thônésiens», déclare-t-il.

Très vite, le jeune élu se fait remarquer pour son action. Mais son véritable fait d’armes est médiatique. En septembre 2024, une canalisation d’eau rompt. L’eau est insalubre dans 13 communes de la rive gauche. 40'000 habitants sont touchés. La moitié de sa commune est concernée. Sur Facebook puis dans le journal de Léman Bleu, il dénonce la mauvaise gestion de cette crise. «On était sur le terrain à nous débrouiller avec nos propres moyens et en même temps, il y avait un manque d’information. C’était assez emblématique de certains dysfonctionnements dans ce canton.» Est-ce que cela a eu une résonance auprès de ses habitants? «Peut-être que cela m’a rapproché de la population, mais cela me semblait avant tout normal.»            

Une campagne «épuisante»

De quoi impressionner ses adversaires: «C’est une bête politique», glisse Romain De-Sainte-Marie. Le candidat PS à Thônex loue le bilan social du conseiller administratif, «qui a touché l’électorat de gauche» et lui reconnaît sa proximité et son sens politique. Une vie pas simple à assumer. «Ce sont des sacrifices sur ma vie privée, sur ma vie professionnelle.» Il raconte les doutes, les choix «difficiles» pour la commune.

Seul élu au premier tour, il a servi de locomotive -bien qu’il refuse ce mot- à son parti au municipal. Le Centre devient en effet la première force politique de la commune, avec une progression de quatre sièges. Après une campagne «épuisante», l’élu peut déjà penser à son prochain mandat. Sentiment de sécurité et cohésion entre les quartiers, dans une commune qui grossit à vue d’œil, sont ses priorités.

L’heure tourne. Bruno Da Silva termine la promenade de Roméo. Il est 12h30, ses élèves l’attendent. Dans moins d’une demi-heure, il donnera une nouvelle leçon. La routine. Celle de la veille, elle, restera dans l’histoire politique genevoise.