Municipales 2025

Elections à Vernier: recours et dénonciation pénale déposés

31.03.2025 17h30 Delphine Palma

vernier

À Vernier et à Meyrin, la validité du scrutin est remise en cause. Des bulletins LJS panachés posent question. Le mouvement rejette tout arrangement.

À Meyrin, les électeurs LJS ont beaucoup voté pour des candidats d’autres partis. En regardant de près les bulletins du premier tour au Conseil municipal, certains résultats étonnent. Par exemple, les candidats de tous les partis politiques reçoivent en moyenne 10 voix de LJS sur des bulletins modifiés. Mais quatre candidats sortent du lot. Le centriste Ardonat Lokaj a vu son nom apparaître sur 122 bulletins LJS. Les socialistes Xhevrie Osmani, Hysri Halimi et Saud Ahmed ont reçu chacun en moyenne 70 voix issues du même parti.

Rien d’illégal. Chaque électeur est libre de panacher son bulletin de vote. Mais y a-t-il eu une stratégie coordonnée? S’agit-il d’un vote communautaire déguisé? Tous les candidats favorisés étant d’origine étrangère.

La tête de liste LJS meyrinoise défend son parti: «La consigne à Meyrin était de voter compact pour atteindre le quorum. Durant cette campagne, mon rôle a été de toucher un maximum de personnes. Pour cela, j’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs personnes engagées dans les milieux associatif, sportif ou communautaire, afin de leur présenter notre liste et nos projets. Manifestement, nous n’avons à aucun moment empêché les personnes mentionnées d’être ajoutées sur nos listes. Il est fort probable qu’elles partagent simplement des cercles d’amis en commun.»

Vernier: un recours et une dénonciation pénale

À Vernier, le doute s’est aussi installé. La validité des dernières élections municipales est remise en cause par un recours et une dénonciation pénale. Un citoyen a saisi les instances judiciaires, estimant qu’il existe une forte suspicion d’une intervention illicite dans le scrutin.

Selon Le Centre Vernier, la justice devra faire «toute la lumière sur la validité de l’élection en déterminant si le processus démocratique a été fidèlement suivi ou au contraire transgressé». L’analyse fine des résultats fait en effet apparaître des anomalies statistiques difficilement explicables.

De nombreux bulletins du mouvement Liberté et Justice sociale ont été modifiés, avec le biffage de certains noms et l’ajout systématique de deux ou trois candidates, toujours les mêmes, issues d’autres formations politiques: une socialiste, une PLR et une MCG.

Grâce à ces suffrages supplémentaires, ces trois candidates ont obtenu un score canon à l’élection du Conseil municipal. La candidate socialiste et la candidate PLR ont même dépassé des magistrats sortants qui briguaient leur réélection à l’exécutif de la commune.

Interrogées par la Tribune de Genève, les trois candidates ont expliqué leurs bons résultats par une campagne de terrain active. Elles reconnaissent aussi avoir probablement bénéficié d’un vote communautaire, l’une ayant des origines kosovares, une autre des racines camerounaises, et la dernière une ascendance turque.

LJS rejette toute irrégularité

De son côté, le candidat LJS au Conseil administratif rejette toute irrégularité ou arrangement entre son parti et d’autres listes: «Nous on est victimes. Avec 50 voix supplémentaires, nous aurions pu avoir un siège de plus. Si nos candidats avaient reçu le même nombre de votes que les candidats des autres partis, on aurait pu soupçonner une alliance. Il ne faut pas mettre en cause la démocratie et le choix de la population. C’est peut-être tout simplement les citoyens qui ont choisi leurs candidats.»

Ce lundi, la chambre judiciaire confirme avoir reçu un recours sur les résultats du vote du 23 mars. À ce stade, la chancellerie n’a relevé aucune irrégularité.