Municipales 2025

Élections municipales à Vernier: l’État saisit à son tour la justice pénale

12.04.2025 14h42 Denis Palma

SUISSE ELECTION CONSEIL ADMINISTRATIF 2E TOUR La Chancellerie dépose une dénonciation pénale dans l'affaire des irrégularités du scrutin à Vernier (image: Keystone/Salvatore di Nolfi)

L’affaire des irrégularités constatées à Vernier prend une nouvelle dimension. La Chancellerie dépose une dénonciation pénale, a appris Léman Bleu.

Ces dernières heures, la Chancellerie a déposé à son tour une dénonciation pénale, a appris Léman Bleu par deux sources concordantes. Cette nouvelle procédure vient s’ajouter aux deux recours actuellement pendants à la Chambre constitutionnelle de la Cour de justice contre les résultats de ces élections, et à une autre dénonciation pénale. De son côté, le Conseil d’Etat a annoncé cette semaine ne pas avoir officiellement validé le résultat des élections dans cette commune, en attente que la justice se prononce. 

Interrogée sur sa démarche, la Chancellerie ne confirme pas et déclare, par la voix de sa porte-parole Emmanuelle Jaquet: «La Chancellerie ne fait aucun commentaire sur des procédures en cours.» 

Anomalie suffisante pour semer le doute

Que s’est-il passé pour que la Chancellerie entre elle aussi dans la danse, alors qu’elle avait procédé à des contrôles et n’avait relevé aucune irrégularité?  De nouveaux éléments de nature à faire émerger un soupçon de fraude sont-ils apparus entre-temps? La Chancellerie craint-elle d’avoir été légère sur le contrôle effectué alors que la pression médiatique monte autour de cette affaire? Ou encore, comme certains évoquent en coulisses, s’agirait-il d’une fronde contre le parti de Pierre Maudet? Difficile de le savoir à ce stade.

Toujours est-il que les doutes quant à la validité du scrutin verniolan n’ont fait que se renforcer depuis le 23 mars. Pour mémoire, plus de 600 bulletins de Libertés et justice sociale (LJS) – un parti dont six candidats ont été élus – ont été modifiés avec le biffage massif de certains noms et l’ajout systématique de trois candidates, issues d’autres partis (PS, PLR et MCG) et d’origines différentes. Une anomalie suffisante pour semer le doute.

Pour pimenter l’histoire, une enquête de la Tribune de Genève montre un lien entre cette affaire et une investigation similaire en 2018. L’un des candidats figurant aux côtés de la tête de liste Djawed Sandgel, dépeint comme influent et proche des trois candidates poussées par son parti, avait été entendu comme «personne appelée à donner des renseignements» dans le cadre d’une enquête pénale pour soupçons de fraude électorale il y a sept ans, selon nos confrères. Les investigations n’avaient rien démontré de répréhensible et avaient débouché sur une ordonnance de classement partiel.

En attendant que la lumière soit faite, le climat pour le deuxième tour, à Vernier, doit être pesant.