Municipales 2025

Le «je t'aime, moi non plus», de la droite genevoise

25.03.2025 19h05 Laure Lugon Zugravu

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La PLR Natacha Buffet-Desfayes part seule au second tour pour le Conseil administratif de la Ville. Le Centre ayant refusé la grande alliance, le PLR lui préfère la voie en solitaire en espérant glaner des voix sur tout l’échiquier politique. Les chances que la droite décroche un deuxième siège paraissent compromises, face à une gauche qui fait bloc.

C’est une habitude: les partis de droite ne se sont pas mis d’accord. Natacha Buffet-Desfayes partira donc toute seule à l’assaut d’un deuxième siège au Conseil administratif de la Ville, comme les autres candidats de droite. Avec l’espoir de rassembler largement, dans les rangs de la droite dure comme à LJS en passant par le Centre.

Depuis dimanche, la droite joue à «je t’aime, moi non plus» dans la perspective du second tour. Le PLR aurait voulu une droite élargie, mais le Centre et les Vert’libéraux ne voulaient que de lui. L’UDC s’est offert au parti bourgeois, lequel ne se voyait pas en couple, pas plus avec les centristes qu'avec la droite souverainiste. Résultat: l’émiettement probable des voix de droite puisque tous les candidats partiront seuls sans qu’aucun ne renonce.

«Nous devrions avoir l'ambition de renverser l'équilibre au Conseil administratif»

Au PLR, on regrette que la centriste Marie Barbey-Chappuis ait exclu une alliance élargie. Aux yeux du parti bourgeois, ressusciter l'Entente - avec les Vert’libéraux en plus - n’aurait pas suffi à sa candidate pour se hisser à la cinquième place. Le PLR n’a pas non plus pris le risque de partir seul avec l’UDC. «Oui, je suis déçu, parce que je pense que nous devrions avoir l'ambition de renverser l'équilibre au Conseil administratif, note Pierre Nicollier, président du PLR. Nous pouvons avoir cette ambition seulement si nous sommes tous ensemble. L'objectif n'est pas de favoriser un parti ou un autre, mais de vraiment changer l'équilibre que nous avons en Ville de Genève. Pour ça, on a besoin d'avoir une union très large. Je pense que le Centre a sa place dans cette grande alliance.»

C’est non, répond le Centre, qui préférait l’alliance avec le PLR seul, sans grand risque pour lui: «Je crois qu'on a vraiment mis en avant l'envie de faire l'Entente, de recréer cette Entente, déclare Philippe Rochetin, président. On l'a proposée au premier tour, on l'a reproposée au deuxième tour, et puis elle a été simplement refusée.»

«L'argument des valeurs est une tarte à la crème qu'on nous sort quand on a des ambitions cachées»

Pour justifier son refus d’une alliance élargie, le Centre met en avant l’absence de valeurs en commun avec la droite dure. Un argument irrecevable pour le président de l’UDC de la Ville, Alexandre Chevalier, qui estime que Marie Barbey-Chappuis voulait tout simplement conserver ses voix de gauche: «Je crois que l'argument des valeurs, en particulier sur la question municipale, est une espèce de tarte à la crème qu'on nous sort lorsqu'on ne veut pas assumer ses propres responsabilités ou lorsqu'on a des ambitions cachées, qui sont d'ailleurs assez bien dévoilées aujourd'hui: maintenir ce siège coûte que coûte, quitte à ce que ce soit la gauche qui fasse élire finalement la représentante du Centre.»

Pourtant, le Centre avait profité de l’alliance élargie, lors des élections cantonales de 2023. L’union des droites avait permis à Delphine Bachmann d’accéder au Conseil d’État.

Pendant que la droite se déchire, la gauche rit. Sa dynamique d’alliance fonctionne, la tactique est rôdée. Elle partira sereine avec un ticket à quatre, l’extrême-gauche n’ayant pas réussi à se mettre d’accord pour lancer Tobia Schnebli.