Vernier: des scores inattendus attisent les soupçons
Trois candidates issues du PS, du PLR et du MCG se retrouvent massivement rajoutées sur les bulletins du parti Libertés et Justice Sociales (LJS), reléguant parfois les têtes de liste de leur propre parti au second plan. De quoi alimenter les spéculations autour de possibles alliances discrètes ou d’une mobilisation ciblée.
Dimanche, Libertés et Justice Sociales, le parti de Pierre Maudet, a pourtant réalisé un exploit en décrochant 16% des voix et en plaçant six élus au Conseil municipal. Mais l’analyse détaillée du scrutin dévoile une situation inattendue: des centaines de bulletins LJS ont été modifiés en faveur de trois candidates, PS, PLR et MCG.
Des candidates extérieures plébiscitées sur les listes LJS
D’abord, la socialiste Eylem Tas Polat a été ajoutée 293 fois sur ces listes LJS. Grâce à ces suffrages, elle devance même la tête de liste PS et conseiller administratif sortant, Martin Staub. Puis, la PLR Diane Graber récolte 468 rajouts et termine largement en tête de son parti, devant le sortant Gian Reto Agramunt. Enfin, la candidate du MCG, Arlinda Gaxherri, bénéficie de 492 rajouts sur les bulletins LJS, surpassant le médiatique Thierry Cerrutti.
Une mobilisation ciblée ou une méthode organisée?
Ces chiffres atypiques interrogent. En toile de fond, certains évoquent une possible mobilisation communautaire structurée. Pour Maryam Yunus Ebener, présidente des Verts genevois, le doute est permis: «C'est inattendu, on ne sent aucune cohérence, aucun message politique là derrière. On sent qu'il y a une espèce de méthode qui a été mise en place, bien organisée et c'est clair que ça interroge.»
Du côté de LJS, l’étonnement domine. Le parti parle d’une «anomalie» et demande des vérifications: «S'il y a eu un vrai travail de mobilisation de ces trois personnes qui ont su d'une façon ou d'une autre mobiliser des gens pour voter pour elles et qu'elles ont fait de la politique, il n'y a aucun souci. Maintenant, s'il s'avère qu'il y a eu une ou plusieurs personnes qui ont rempli des bulletins à leur nom ou qui ont modifié ceci, évidemment que ça pose des questions sur le résultat de cette élection. Il est quand même surprenant de les voir arriver aussi haut, faire des résultats aussi haut pour des personnes aussi peu connues.»
Pas d’irrégularité officielle, mais des doutes persistants
Pour Léna Strasser, vice-présidente du PS genevois, ces résultats questionnent et sont à mettre au profit de LJS: «Pour connaître un peu comment ça se passe au niveau des élections municipales et voir que la mobilisation est importante, qu'il faut aller chercher chaque voix, nous on a tapé à plus de 2000 portes, donc on voit très bien ce que ça veut dire. Pour arriver à des résultats comme ça qui soient aussi similaires, de cette manière-là, ça nous semble quasiment impossible.»
À ce jour, ni la Chancellerie ni la Commission électorale n'ont relevé d'irrégularités formelles. Reste que ces résultats atypiques continuent de nourrir le débat.