Municipales 2025

Élections à Vernier: contestations et soupçons s’intensifient

14.04.2025 19h00 Denis PALMA

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Le candidat MCG Thierry Cerutti annonce vouloir contester le second tour des élections communales devant la justice. Une procédure de plus dans une commune déjà plongée dans l’incertitude depuis la suspension, par le Conseil d’État, de l’élection du Conseil municipal. Tous les regards sont désormais tournés vers les résultats de l’enquête sur de possibles irrégularités lors du scrutin du 23 mars.

Dimanche après-midi, les résultats sont tombés: l’actuel exécutif de Vernier est reconduit. Mais rapidement, les soupçons persistants autour du premier tour ravivent les tensions. «Ce scrutin n'a rien eu de normal. Il y a eu des méthodes, on verra bien ce que dit la justice, mais des méthodes qui pour le moins étaient peu éthiques, contraires à nos valeurs démocratiques», lâche Martin Staub, passablement échaudé sur le plateau de Léman Bleu à quelques mètres des canons de l'hôtel de Ville.   

Cerutti contre-attaque

Grand perdant de cette élection, Thierry Cerutti, arrivé 4e, attaque ses adversaires, en particulier le socialiste Martin Staub: «C'est bien joli de jeter le doute sur les autres, nous nous n'avons rien fait. Vous avez fait du porte-à-porte, vous avez fait de l'intrusion chez les gens, vous avez utilisé les données publiques pour faire votre campagne électorale, c'est choquant, des dénonciations pénales seront déposées.» Le candidat MCG fait référence à un communiqué diffusé le 1er avril, dans lequel son parti dénonçait l’utilisation de fonds publics par le maire socialiste pour organiser plusieurs apéritifs de campagne.

Des accusations que Martin Staub rejette fermement: «Ces propos sont calomnieux. Il y a des limites et il devra s’en expliquer devant le procureur général», prévient-il. Le socialiste avait d’ailleurs déjà déposé une plainte pénale pour calomnie dès le 4 avril contre Thierry Cerutti et le président du MCG.

Multiplication des recours

Contacté, Thierry Cerutti confirme son intention de contester non seulement ce second tour devant la justice, mais également auprès de la Cour des Comptes et du Département en charge de la surveillance des communes.

La validité du scrutin verniolan est fortement remise en question. Samedi, Léman Bleu révélait que la Chancellerie d’État, informée de nouveaux éléments, avait adressé une dénonciation pénale au Procureur général. Le 31 mars déjà, soit une semaine après le 1er tour, un recours et une dénonciation pénale avaient été déposés par un électeur anonyme.

Quelques jours plus tard, les Socialistes, les Verts et le PLR de Vernier saisissaient à leur tour la justice pour dénoncer des «votes statistiquement anormaux», en référence aux 623 bulletins modifiés de la liste LJS. Ces bulletins ont propulsé trois candidates PS, PLR et MCG en tête de leur propre parti, suscitant de nombreuses interrogations.

À cette série de recours s’est ajouté, samedi, un nouvel élément. Selon la Tribune de Genève, l’un des candidats LJS de Vernier aurait été entendu en 2018 comme «personne appelée à donner des renseignements» dans une affaire de fraude électorale. À l’époque, il appartenait encore au PLR, proche de Pierre Maudet. L’enquête le concernant avait été classée alors qu'un autre protagoniste s'était vu reprocher une captation de suffrages. 

Le Conseil d’état suspendra-t-il également l’élection du Conseil administratif, comme il l’a fait pour le délibératif? L’exécutif pourra-t-il siéger en juin? Ou faudra-t-il organiser de nouvelles élections? Pour l’heure, beaucoup de questions restent en suspens.