Brûle Hollywood, brûle
Les terribles incendies qui ravagent Los Angeles ne tombent pas du ciel. La faute aux plus riches et gros consommateurs de la planète, selon Sylvain Thévoz. Murat Julian Alder lui répond.
Ces incendies sont la confirmation logique de prévision scientifiques. C’est le résultat inéluctable de comportements humains destructeurs. Malgré des avertissements répétés, rien n’a changé. Ces brasiers sont l’une des innombrables conséquences du dérèglement climatique. Des pluies surabondantes ont fait pousser une végétation luxuriante, s’en est suivie une période de sécheresse extrêmes, transformant arbres et résineux en allumettes. Des vents extrêmes ont volatilisé ces braises, semant désolation et même la mort.
L’apocalypse est programmée. Il n’y a plus besoin de prophètes pour prédire la fin du monde, elle est sur les tableaux Excel des scientifiques. Finies les visions mystiques, allumer sa télé suffit. Dieu n’as pas assez d’extincteurs pour freiner la folie des hommes. Ceux qui croyaient que la terre était plate au Moyen-Âge avaient au moins une excuse, ils ignoraient les faits. Nous savons, de manière certaine, comme deux et deux font quatre qu’il n’y a aucun avenir pour l’humanité si nous ne modifions pas nos comportements. Qui pour entendre, qui pour agir?
«Ce feu démontre que les plus riches seront peut-être parmi les derniers a être frappés mais ils le seront aussi»
Les imbéciles, ceux qui nient le dérèglement climatique prônent la somnolence depuis des décennies. Contre vents et marée, ils continuent de prêcher que tout peut continuer comme avant et qu’il ne faut rien changer à nos manières de vivre. Ils nous entraînent à l’abattoir sur un air publicitaire pour assouvir leur soif de profits économique ou leur inertie. Ils polluent sans limites, prennent l’avion comme des dingues et défendent l’usage de la bagnole à tout prix.
Nous assistons au suicide programmé de l’humanité. Ou plutôt à son assassinat par les plus riches et plus gros consommateurs de la planète. Si nous ne réduisons pas massivement nos émissions de CO2 nous sommes cuits. Que reste-t-il aujourd’hui de la pompe et du tralala des stars de Hollywood et de leurs villas luxueuses que le monde entier était censé envier ? Rien. Cendres et silence. La fournaise qui a enflammé le cœur de Los Angeles, a rasé les quartiers des nantis et fait de milliardaires des sans-abris. Ce feu démontre que les plus riches seront peut-être parmi les derniers a être frappés mais ils le seront aussi.
Ces milliardaires sont les plus gros pollueurs de la planète. Leur style de vie attise de manière toujours plus intense les flammes de la destruction. Que la villa de telle star du showbiz s soit détruite ne nous fait ni chaud ni froid. Peut-être même peut-on y voir une forme de justice.
Éteindre le feu à sa base
Inondations, éboulements de terrain, sécheresses provoquent des centaines de milliers de morts chaque année. Le dérèglement climatique frappe les plus fragiles et vulnérables dans le sud global. C’est cela qui devrait remplir nos journaux, nous submerger d’inquiétude et pousser à l’action. Le fait qu’un feu ravage un quartier de stars est anecdotique. Sa couverture médiatique écœurante. Pour rappel: il y a eu une trentaine de morts à Los Angeles. Il y en a eu 46’000 à Gaza dont un tiers sont des enfants massacrés, assassinés, alors qu’ils avaient déjà été dépossédés de tout: du droit à la liberté, à la nourriture et à un abri. Paris Hilton pleure sa garde-robe brûlée. Laeticia Halliday ses disques fondus. Les assurances des stars hollywoodiennes les auront remboursés avant que les cendres ne soient refroidies. Leurs palais somptueux seront reconstruits au cœur de l’Empire et elles continueront de prendre leurs jets privés entre Paris, Londres et Los Angeles. L’enjeu n’est pas de savoir comment arrêter les feux de forêt mais comment arrêter la destruction de la planète par les plus fortunés.
Il faut éteindre le feu à sa base. Les 50 milliardaires les plus riches du monde polluent plus que 1.3 milliards de personnes, uniquement via leur patrimoine financier. Les luttes pour la préservation de la planète et pour l’égalité sociales sont totalement liées. Brûle Hollywood Brûle chantaient les rappeurs de Public Enemy. La blague est finie je sens la fumée de partout. De Pacific Palissade à Gstaad, de Londres à Cologny, la même odeur de brûlé monte. Et désormais il n’y a plus le choix. Ce seront eux ou nous qui finiront sur le bûcher.
Droit de réponse: «Le fantasque socialiste Sylvain Thévoz a déjà mené son enquête depuis le confort de son salon»
Alors que Los Angeles continue de brûler et que le nombre de victimes augmente, le fantasque député socialiste Sylvain Thévoz a d'ores et déjà mené son enquête depuis le confort de son salon à Genève et décidé que ces tragiques incendies ne pouvaient être autre chose qu'un symptôme du dérèglement climatique et un avant-goût de l'apocalypse, non sans violemment écorcher au passage les personnes les plus riches de la planète, qui seraient, selon lui, directement responsables de cette catastrophe et de ses terribles conséquences.
Visiblement, les fêtes de Noël et de Nouvel An, qui sont des moments privilégiés pour se reposer et se ressourcer, mais aussi pour se recueillir et prendre un peu de hauteur, n'ont pas cet effet chez tout un chacun. N'en déplaise aux complotistes et aux climato-négationnistes (ce sont d'ailleurs souvent les mêmes) le dérèglement climatique dont souffre notre planète est une évidence prouvée scientifiquement.
La Suisse aussi touchée
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) est récemment parvenu à la conclusion que, sans un renforcement important des mesures de protection du climat à l'échelle mondiale, les émissions de gaz à effet de serre continueront d'augmenter et conduiront très probablement à un réchauffement mondial de 3,2°C d'ici 2100.
Cela n'émouvra hélas pas tout le monde, mais la Suisse est particulièrement touchée par ce phénomène, comme en atteste d'ailleurs la disparition tristement visible et inquiétante de nos glaciers.
Il est vrai que selon un récent rapport de l'UNEP, le Programme des Nations Unies pour l’environnement, les émissions produites par 1% des personnes les plus riches de la population mondiale sont responsables de 15% des émissions de gaz à effet de serre. Il est toutefois important aussi de rappeler que les États-Unis d'Amérique, l'Inde et la Chine sont les trois pays qui à eux seuls sont responsables de 55% des émissions de CO2.
le Parti socialiste, électron libre
Devons-nous pour autant nous abaisser à déshumaniser les grandes fortunes victimes des incendies de Los Angeles, nous réjouir de leur malheur et aller jusqu’à les tenir pour responsables de cette catastrophe ?
La réalité, c'est que les causes des incendies de Los Angeles ne sont pas encore connues. Les autorités locales enquêtent de façon sérieuse sur différentes pistes, en particulier celle d’un terrible accident ou de graves négligences d'origine humaine.
En définitive, ce que l'on retiendra de cette nouvelle provocation de mon collègue Sylvain Thévoz, c'est que nous avons là une nouvelle preuve qu’au Parti socialiste, si enclin à donner des leçons de morale urbi et orbi, on a une conception pour le moins variable et sélective de ce qui pourtant fait de nous des êtres humains : je parle de l'empathie.