Thank you Mr. Trump
Radieux et autosatisfait, le porte-drapeau socialiste Cédric Wermuth s’est récemment fendu d’un « F** you Mr. Trump » sans aucune originalité. En fait c’est «Thank you Mr. Trump» qu’il faudrait dire.
Par son geste, Cédric Wermuth témoigne ainsi d’une mauvaise éducation et d’une grossièreté qui surprendront celles et ceux qui ne le connaissent pas. Le propos est malotru, ordurier et fruste dans sa pauvreté, il insulte les quelques 77 millions d’Américains qui ont voté pour l’actuel président. 77'300’00 exactement. Voilà qui fait 1’776 fois plus que les 44'260 voix que le pauvre M. Wermuth a obtenu dans son canton d’Argovie. Et il donne des leçons! À ta santé Wermuth!
J’ai regretté que le terme pût être repris à Genève par une candidate genevoise talentueuse et intelligente, qui nous avait habitués à mieux, mais ce sont sans doute les aléas de la campagne électorale. Le style Trump, je l’admets, convient mieux au maquignonnage et aux bisbilles sur un site de construction de Brooklyn ou dans le Bronx!
Mais ne nous y trompons pas. Ce président qui donne de l’urticaire à la gauche et à de prétendus intellectuels – à certains d’entre eux tout au moins – il est dans la droite ligne de la tradition américaine et ce qu’il dit est une leçon pour Genève qu’il nous faut écouter au lieu de le brocarder.
La tradition d’abord: l’Amérique est née isolationniste. Son premier président déjà, Georges Washington, mettait en garde contre les foreign entanglements «les enchevêtrements à l’étranger». Quand le président Woodrow Wilson a voulu créer la Société des Nations, le Congrès américain a refusé de ratifier le traité en 1920. On peut multiplier les exemples de James Monroe à Ronald Reagan en passant par Theodore Roosevelt et d’autres. Sans l’attaque japonaise de Pearl Harbour, les Américains ne seraient pas entrés dans la deuxième guerre mondiale. Ils l’ont gagnée, ce qui les a contraints aux responsabilités, mais aujourd’hui, épuisée par des décennies de guerres ruineuses en Irak, en Afghanistan, au Vietnam, que sais-je, l’Amérique revient à son isolement traditionnel. C’est cela que Trump exprime à sa façon. C’est pour ça qu’il va claquer la porte dans la figure de l’ONU et de l’Europe.
L'Europe doit se retrousser les manches
Alors la leçon pour nous, saute aux yeux: nous devons notre place sur la carte du monde à Calvin d’abord, puis aux conventions de Genève, à la Société des Nations (après-guerre), et aux Nations Unies (second après-guerre).
Mais aujourd’hui le multilatéralisme agonise. Entre l’impuissance de l’ONU, la corruption de l’OMS, les dérapages du bien nommé «OOPS» Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, l’obscénité de l’hypocrite Comité des Droits de l’homme de l’ONU, le multilatéralisme est englué: l’avenir est ailleurs et les ressources financières se tarissent.
Genève va devoir se réinventer. Si nous voulons rester sur la carte du monde et ne pas nous dégrader tranquillement pour devenir l’équivalent suisse de Grenoble ou de Modène, il faut se retrousser les manches et avoir des idées. Il est facile de voter des motions pour la Genève internationale, de faire des chèques en blanc à des ONG douteuses, mais ça ne suffira pas. Il y faudra l’énergie, le talent et l’inventivité d’une nouvelle génération. Et beaucoup de chance. Mais cela, c’est une autre histoire.
Joëlle Bertossa: «La violence de mes paroles ne sera jamais à la hauteur de celle de l’administration américaine»
Les mots que dénonce M. Poncet sont forts, certes. Grossiers, soit. Mais la violence de mes paroles ne sera jamais à la hauteur de celle de l’administration américaine qui attaque tout ce qui fonde notre démocratie suisse: nos valeurs de liberté, de justice, de solidarité et d’entraide.
Je me suis exprimée au Conseil municipal pour soutenir un crédit exceptionnel de 2 millions de francs pour la Genève internationale face aux coupes qui touchent des milliers d’emplois dans notre ville. Des coupes qui provoquent l’arrêt immédiat de programmes de santé mettant en danger de mort des millions de personnes dans le monde.
Ce qui est réellement violent, ce sont ces coupes, soudaines, abruptes, sans équivoque. Ce qui est réellement violent, c’est le questionnaire envoyé par l’administration américaine aux organisations internationales pour identifier et punir celles qui luttent pour l’égalité, pour les droits des minorités sexuelles et de genre ou contre le réchauffement climatique.
«Georges Washington ne traitait pas l’Europe, sa grande alliée, de parasite»
Ce qui est réellement violent, ce sont les atteintes graves portées aux sciences, à la liberté académique et au progrès de la connaissance. Ce qui est réellement violent, ce sont les actions menées contre la justice américaine, les enquêtes qui ciblent des cabinets d’avocats engagés en faveur de la diversité et créent un climat de peur au sein de la profession.
Vous le savez mieux que moi, l’indépendance des avocats est un pilier fondamental de l’État de droit et ses attaques devraient vous horrifier plutôt que vous pousser à remercier celui qui les orchestre?! Si Georges Washington se méfiait des «enchevêtrements à l’étranger», il ne traitait pas l’Europe, sa grande alliée, de parasite!
Des mots forts donc, un cri, contre un gouvernement élu certes, mais qui nie l’existence de celles et ceux qui ne lui ressemble pas. Un cri contre tous les oppresseurs, qui, en jouant au poker menteur, finiront par conduire le monde à sa perte.