Opinions

Vous prendrez bien un vert de rouge?

21.06.2024 14h36 Rédaction

Design sans titre - 2

Sous le «vert écologique» se cache une couleur bien moins séduisante. Charles Poncet y voit un parti qui fait ripaille. La présidente des Vert-e-s genevois constatent une obsession chez les polémistes. 

Il est de bon ton aujourd’hui de reprocher aux écologistes leur voracité et l’enthousiasme avec lequel ils se servent dans l’assiette au beurre. Certes, quand un politicien jusque-là confiné aux revenus modestes que lui valait un talent chichement donné, ou le choix noble et vertueux d’une vie austère – la première hypothèse étant hélas plus fréquente que la seconde, car n’est pas Cincinnatus qui veut – quand ce politicien donc, se voit impartir une parcelle de pouvoir par le hasard d’une élection, la tentation de faire ripaille est irrésistible.

Le voici dans un univers artificiel où toute dépense est possible sans jamais rien payer; entouré de bureaucrates habiles, qui lui donnent l’illusion de commander, les quémandeurs entrent en rampant dans son bureau somptueux, on lui donne du «monsieur le président», on le flatte pour mieux le manipuler et le voici persuadé de son talent et de sa valeur. L’arrogance s’en mêle, il se croit omniscient et méprise bien vite les humbles qu’il avait promis de ne jamais oublier.

Telle est la nature humaine, certes, mais dans leurs récentes incarnations, les Verts en ont donné des exemples obscènes. On peine à retenir la fracassante apostrophe de Ruy Blas, le personnage de Victor Hugo qui entre dans la salle où les grands commis de l’État se chamaillent sur les prébendes du royaume d’Espagne: «Bon appétit, messieurs! s’écrie Ruy Blas. Oh ministres intègres, conseillers vertueux»!

Mais n’accablons pas les tire-laines de la politique pris sur le fait et mis au pilori par quelques journalistes courageux.

Mon propos ce soir est ailleurs: les Verts sont un parti d’attrape-couillons. Ils vous mettent en avant un ou deux sympathiques personnages l’œil vif, le visage serein, la main tendue vers l’horizon et le regard dominant l’avenir, qui contemplent des montagnes immaculées, au pied desquelles paissent quelques herbivores abreuvés d’une rivière inaltérée, dont l’onde pure invite des fleurs au parfum délicat à pousser à loisir pour notre ravissement. Ils vous promettent un avenir radieux, sans pollution, dans l’adoration du soleil et du vent, une sorte d’empire Inca où grâce à eux, nous pourront tantôt nous aussi toucher les étoiles du doigt...

Certes, ils ajoutent que quiconque serait en désaccord conduirait la planète à la ruine, le monde à sa perte et l’espèce humaine à son extinction, mais ne nous formalisons pas: pour bien vendre la salade il faut aussi l’assaisonner à l’apocalypse et faire peur aux gobe-mouches qui vous écoutent.

Il y a plus grave: derrière cette image pacifique de l’écolo en col roulé déambulant dans les Préalpes sans craindre les loups qu’il y fait prospérer, se cache une idéologie totalitaire qui veut réduire le peuple suisse à la servitude. Sous le vert d’apparence sympathique, il y a un idéologue d’extrême gauche pur et dur, généralement un marxiste-léniniste recyclé à la sauce verte.

Prenez par exemple le document intitulé «Papier de position» – ah, les ravages du français fédéral – rédigé par les Jeunes Verts il y a quelques semaines. Dans ce document incroyable ces ultra-rouges déguisés en vert, exigent: 

  • La collectivisation du sol, 
  • La collectivisation des entreprises
  • La nationalisation des grandes entreprises
  • La collectivisation des moyens de production
  • La semaine de 24 heures
  • La création de soviets - conseils de travailleurs 
  • Un revenu minimum pour tout le monde sans condition
  • Le démantèlement des secteurs économiques nuisibles (décroissance verte)

Inutile de dire que si ce délire était appliqué, la Suisse aurait trois millions de chômeurs, sa monnaie dévaluée et ses finances publiques ruinées. Voilà ce qui se cache sous l’hypocrite badigeon vert, sous le faux semblant écologique! 

Dieu merci, les Genevoises et les Genevois ont commencé à se rendre compte combien derrière le message écologique aussi vert qu’hypocrite, rampe le totalitarisme rouge le plus dictatorial et le plus abject.

Maryam Yunus Ebener: «La lame de fond qu’avaient anticipé les Verts est donc déjà en cours»

C’est fou cette propension qu’ont les Vertes et les Verts à susciter l’énervement, pour ne pas dire le tourment, voire l’obsession, chez les polémistes auto-proclamés du canton de Genève.

Je me suis demandé pourquoi ils aiment perdre leur temps à disserter la bonne parole des Verts, parfois même jusqu’à l’exégèse. Je crois qu’il y a deux raisons à cela.

La première, d’ordre psychologique, est dans le fond assez banal. Les gens veulent changer la société lorsqu’ils sont jeunes, puis, les décennies passant, ils se contentent de défendre le modèle qui leur a réussi. Les choses sont différentes avec le parti écologiste, car chez nous les vieux sages sont toujours d’accord avec les jeunes lorsqu’il s’agit de critiquer la société de consommation, ou notre dépendance aux énergies fossiles. Je me souviens d’un conseiller d’Etat dire, sur la RTS, que l’initiative des jeunes verts en faveur de l’interdiction des SUV était «géniale», et pourtant, il était déjà loin de la vingtaine à cette époque! Voir des quinquagénaires s’accorder aussi bien avec la jeunesse doit sans aucun doute provoquer des nuits blanches chez les réactionnaires.

La deuxième raison tient à un profond changement de mentalité. Qu’on le veuille ou non, le réchauffement du climat est définitivement entré dans la pensée des décideurs, et cela se traduit déjà par des changements majeurs sur le plan économique et politique. L’agence Bloomberg, qu’on ne peut quand même pas accuser d’être à gauche, ni même jeune, révélait qu’en Chine, les sept plus grandes compagnies productrices d’énergie renouvelable avaient un potentiel plus important que l’ensemble des compagnies pétrolières mondiales du siècle dernier. 

La lame de fond qu’avaient anticipé les Verts est donc déjà en cours, et il n’est pas étonnant qu’elle se traduise par une crise d’angoisse chez ceux qui espéraient que rien ne change.

Cher Charles Poncet, cela fait maintenant trois mois que je préside les Vert-e-s genevois, et c’est seulement aujourd’hui, grâce à vous, que j’ai la chance de pouvoir m’exprimer sur l’attitude fondamentalement positive des Verts. Soyez-en remercié!

La prochaine fois que vous aurez affaire au dessein caché des Vert-e-s, ou à leurs obscures intentions, n’hésitez pas: je vous éclairerai avec empressement, et un plaisir certain.