Genève

12% de surmortalité à Genève: notre décryptage

16.11.2020 18h56 Rédaction

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Quarante-sept personnes sont décédées à Genève la semaine dernière du fait du Covid-19.

Est-ce une situation similaire à ce printemps ? 

L’Office fédéral de la statistique va dans ce sens: «Comme à l'arrivée de la première vague de SARS-CoV-2, l'augmentation du nombre de décès suit la hausse des nouvelles infections au Covid-19 avec un décalage de deux semaines environ». Et cette hausse n’est pas prête de s’arrêter subitement. Le nombre de personnes infectées et hospitalisées continue de grimper dans le canton: «Nous sommes sur un pic-plateau. Il ne faut pas penser que le nombre de décès sera moindre qu'au printemps. Il faudra voir avec le recul». 

Quel est le taux de mortalité des patients Covid-19 aux HUG ? 

Une personne hospitalisée sur sept décède. C’est un peu plus aux soins intensifs où une personne sur cinq ne survit pas. «Cela reste des chiffres meilleurs qu'ailleurs. En Grande-Bretagne, au printemps, c'était le double. Ce taux de mortalité reflète notamment les types de prises en charge des patient et le système de santé de chaque pays» explique le professeur Thomas Agoritsas, médecin agrégé au service de médecine interne des HUG.

Les personnes hospitalisées risquent-elles moins leur vie actuellement? 

Par rapport au printemps, de nouvelles systématiques et surtout de nouveaux traitements ont été adoptés pour le soin des patients les plus graves. «Plusieurs formes de stéroïdes réduisent la mortalité chez les patients sévères, de 15 à 20%. Sur 10% de mortalité initiale par exemple, on va pouvoir descendre à 8%. Mais ces traitements ne sont recommandés que sur les patients les plus graves» explique Thomas Agoritsas.

Comment sont comptabilisés les morts Covid ? 

Depuis le 9 novembre, la définition des décès a été révisée. La médecin cantonale nous a explicité cette nouvelle définition: « Auparavant étaient déclarés les décès chez des patients COVID-19 mais la cause pouvait être autre que le COVID-19.Il y a eu une révision des anciennes données avec retrait des décès pour lesquelles la cause ne pouvait pas être attribuée au COVID. Une sous-estimation du nombre de décès est possible ».

Y a t’il plus ou moins de morts en général à Genève cette année ? 

À période comparable, le nombre de morts est plus élevé jusqu’ici, qu’en 2019. Entre la semaine 1 et la semaine 44, soit jusqu’au 1er novembre: 2’791 avaient perdu la vie l’an dernier, 3’126 personnes cette année. Soit 12% de mortalité en plus jusqu’ici. 

La surmortalité touche t’elle tout le monde ? 

Celle-ci s’exprime surtout chez les plus de 65 ans. Au printemps, la deuxième semaine d’avril avait été la plus meurtrière à Genève. Deux fois plus de personnes étaient décédées, par rapport aux données attendues. La surmortalité pour les plus de 65 ans est à nouveau constatée aujourd’hui, dans une moindre mesure. Reste une nouvelle positive: les moins de 65 ans n’ont pas connu de surmortalité au printemps dernier et ne semblent pas en connaitre non plus aujourd’hui. 

Quelle gestion funéraire actuelle à Genève ?

Le centre funéraire Saint-Georges connaît une activité presque deux fois supérieure à la normale. Les 70 places de la morgue de Saint-Georges étant occupées, 49 corps ont dû être déplacés à la morgue des HUG en attente. 

Céline Argento / Marion Wagen