Aide d'urgence chahutée par le Grand Conseil
«C’est une mesure unique en Suisse!» Le 25 mai dernier, Thierry Apothéloz vantait son projet de loi sur notre plateau. Une aide d’urgence pour tous les travailleurs qui ne peuvent pas toucher le chômage partiel ou l’assurance perte de gain. Parmi eux, bon nombre de sans-papiers, souvent employés dans l’économie domestique.
«Employeurs peu scrupuleux»
Le magistrat espérait un vote immédiat du parlement. Espoir douché hier soir avec les premières prises de parole à droite. Pour le libéral-radical Serge Hiltpold, «l’Etat ne doit pas être subsidiaire à des employeurs peu scrupuleux.» Même son de cloche pour le MCG François Baertschi: «Aider des personnes en grandes difficultés, oui ! Soutenir des employeurs de travailleurs illégaux au noir, non !»
Ces positions ont fait bondir la gauche. «Ce ne sont pas des voyous comme semblent le penser l’UDC et le MCG, mais des travailleuses et des travailleurs qui ont perdu l’intégralité de leur revenu durant la crise», s’est emporté Jean Burgermeister. Tout aussi véhément, le socialiste Romain de Sainte Marie s’en est pris aux élus de droite. «C’est un mensonge de dire que ça favorisera la travail au noir. Si la droite veut s’attaquer au travail au noir, qu’elle renforce les moyens de contrôle.»
PDC en arbitre
Le vote du PDC a fait pencher la balance. Les démocrates-chrétiens soutiennent le fond, mais mettent en garde sur des problèmes de forme. «La plupart des personnes n’ont pas de compte bancaire. S’ils donnent celui des personnes qui les exploitent, ils risquent de ne pas recevoir leur argent», selon le député Bertrand Buchs.
Au final, le projet est renvoyé en commission. Il n’entrera donc pas en vigueur immédiatement. Mais les députés ont quand même voté un crédit de cinq millions de francs en faveur de la Banque alimentaire et de l’association Partage.
Valentin Emery