Genève

Cinq directeurs de régie publique gagnent plus de 300'000 CHF

26.01.2021 20h02 Laetitia Guinand Valentin Emery, Martin Esposito, Jérémy Seydoux

Directeurs régie publique

INFO LÉMAN BLEU - La rédaction a eu accès à un rapport confidentiel du service d’audit interne de l’État genevois. Ce dernier présente la rémunération des directions des établissements de droits publics en 2019. Des dysfonctionnements sont directement visés par le rapport.

Ce rapport du Service d’audit internet de l’Etat épluche les rémunérations des directions générales de quatorze établissements de droit public et d’une fondation de droit privé sans but lucratif. Dans cinq d’entre eux, la rémunération du directeur général dépasse 300’000 francs par an, indemnités et bonus compris. Soit plus qu’un conseiller d’Etat genevois (299’773 francs, prime comprise). L’audit porte sur 2018-2019. Par ordre décroissant, on trouve, André Schneider, le patron de Genève Aéroport (AIG). Sa rémunération en 2019 a atteint 483’553 francs, sachant que 28% de cette rémunération résulte d’un bonus, calculé sur les bénéfices annuels de l’aéroport. Soit quasiment le même salaire qu’un conseiller fédéral (484’581 francs (primes comprises). Sur la deuxième marche, Bertrand Levrat, directeur général des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG), avec 379’595 francs. C’est pratiquement le même salaire que la directrice générale de l’IMAD, l’institution d’aide et de soins à domicile, Marie Da Roxa (375’047 francs en 2019) alors qu’elle gère 4 fois moins de collaborateurs que le premier. Vient ensuite Christian Brunier, le patron des Services Industriels de Genève (SIG), avec une rémunération annuelle de 371’826 francs. En 5e position, Denis Berdoz, directeur général des Transports Publics Genevois (TPG), a perçu 346’481 francs en 2019. 

Le plus bas salaire, celui du secrétaire général de la Fondation pour la promotion du logement bon marché et de l’habitat coopératif, est deux fois et demi moins important que celui du directeur général de Genève Aéroport. Damien Clerc a touché près de 200’000 francs en 2019.

L’IMAD, l’Hospice général et les HUG épinglés

Ces trois institutions sont directement visées par le rapport. Les indemnités annuelles que reçoivent ces directions générales sont conséquentes et grossissent les salaires. Ainsi, la directrice de l’IMAD touche plus de 130'000 francs annuels de primes, Bertrand Levrat, environ 120'000 francs. Ces indemnités ne sont pas toutes problématiques. L’auditeur pointe principalement du doigt une absence de conformité légale pour trois types de primes : respectivement 90’000 francs annuels pour la directrice de l'IMAD, 24’105 pour le directeur de l’Hospice général et de 8’000 francs pour le directeur des HUG. Sans base légales, l’octroi de ces primes concerne des frais de représentation et de déplacement. Celles-ci se cumulent, et cela n’est conforme non plus aux règles en vigueur, avec un défraiement pour les heures supplémentaires.  Autre problème, ces indemnités ont été  décidées par le seul président du Conseil d’administration sans en référer au Conseil d’administration dans son ensemble, à l’IMAD, à l’Hospice général et aux HUG. Le rapport épingle enfin la liberté prise par certaines entités pour augmenter les classes de traitement de plusieurs fonctions sans en avoir référé aux instances ad hoc (la direction de l’évaluation et système de rémunération DESR et l’office personnel de l’Etat) : le trio épinglé plus haut l’est aussi ici (IMAD, 5 cas, l’Etablissement public pour l’intégration EPI, 4 cas, HUG, 2 cas, HG, 1 cas).

Les audités, toujours selon se rapport, se réfugient derrière l’échec de la révision de loi sur l’organisation des institutions de droit public au Grand Conseil en 2015 et de SCORE, le grand projet d’harmonisation des salaires de la fonction publique abandonné l’année passée. Les HUG répondent sur le point de l’indemnité forfaitaire avoir agi ainsi par souci de simplification administrative. De son côté, Le Conseil d’État entend réagir aux conclusions de ce rapport d’audit et mettre fin immédiatement aux fonctionnements problématiques en accord avec les conclusions du rapport. En particulier, il exige la mise en conformité immédiate des entités pointées du doigt par l’audit, avec le cadre légal qui selon le gouvernement, est parfaitement clair. Il demandera également à chacune des entités concernées de justifier des décisions prises et compte désormais surveiller de très près le fonctionnement de ces entités. 

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