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Cité de la musique: bataille sonore entre pour et contre

11.05.2021 18h21 Rédaction

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Nouvel acteur culturel d’envergure pour les uns,  projet écocide d’un autre temps pour les autres. La cité de la musique oppose deux blocs hétéroclites, deux visions du développement de Genève. Ce printemps les débats font rage. Retour sur les enjeux avant la votation communale du 13 juin.  

Un jeudi soir sur la place des Nations. Une petite manifestation en appelle au Secrétaire Général de l’ONU Antonio Gutteres. Pas pour une question internationale, mais pour un terrain au coin de la rue, propriété des Nations Unies. « Construire une bâtisse comme celle-ci sur le terrain de l’ONU alors que M. Gutteres proclame l’urgence climatique, c’est vraiment aberrant! » 

"Ouvrir à un large public"

Sur un grand terrain entre l’avenue de la Paix, la route de Ferney et la place des Nations un bâtiment comprenant une salle philharmonique de 1580 place, deux salles de concerts plus petites et quatre auditoires est prévu. Des salles de répétition, une bibliothèque, une cafétéria, et un restaurant sont également au programme. 
Le bâtiment accueillera l’Orchestre de la Suisse Romande (OSR) et la Haute École de Musique (HEM).  Budget de construction et d’aménagement : 300 millions de francs, pris en charge par une fondation privée essentiellement et par des subsides de la Confédération. 
Pour laisser place au nouveau bâtiment, 130 arbres sur 260 devront être abattus. Et 260 nouveaux spécimens replantés sur site et aux alentours. « On travaille énormément pour avoir l’impact minimum sur l’environnement explique Laurence Brenner de la Fondation pour la cité de la musique. L’idée est de préserver ce lieu et de l’aménager le mieux possible, mais surtout de l’ouvrir à un large public. Que tout le monde puisse profiter d’un nouveau parc à Genève.» 

 

Laisser de la nature sauvage en ville

Ces arguments sont loin de convaincre les référendaires et leurs soutiens, qui ne veulent pas voir disparaître cette parcelle de nature en plein centre ville. 

« Pourquoi construirait-on sur un des rares espaces forestiers que nous avons encore en ville se demande le conseiller municipal Les Verts Philippe de Rougemont. À Genève, nous 1050 espèces animales et végétales indigènes et 322 sont menacées d’extinction justement parce que des habitats comme celui-là disparaissent. » 
 

Le comité référendaire contre la cité de la musique regroupe une dizaine d’associations citoyennes de défense de la nature ou du patrimoine. Les Verts, l’UDC, le Parti du travail et Ensemble à Gauche les soutiennent. Les arbres, la démolition de la villa, la bétonisation par des fonds privés. Tout cela inquiète. Et tous le disent, cette cité de la musique est inadaptée à cet endroit. 


Pour Alain Clerc, membre du comité référendaire, « il parait difficile d’accepter une telle construction qui va défigurer le Petit Saconnex et la place des Nations. Une place qui devrait être ouverte au monde et qui va être enserrée au bas d’un immense bâtiment. »


"Lieu central d'envergure" 


Du coté du « oui » à la cité de la musique, le front aussi est large et diversifié. Le Conseil d’Etat s’est prononcé « pour » la semaine dernière, et PS, Verts-Libéraux, MCG, et camps bourgeois également. 

Réunis en conférence de presse fin avril, ce large front a rappelé la portée culturelle, jugée majeure, du projet. Le musicien de jazz Marc Perrenoud détaille : « Pour la première fois à Genève, je pense que nous aurons un lieu central au niveau de la musique. Je pense que ce qui manque dans notre canton, c’est d’avoir une vision cantonale dans un premier temps et nationale par la suite. » 

Débat sans fin 


Les milieux musicaux sont eux divisés sur ce projet. Certains craignent une concentration des moyens vers la musique classique au détriment des autres musiques. D’autres y voient plutôt un moteur pour la création. 

Débat sans fin, emblématique du futur que les Genevois veulent pour leur cité. Les habitants de la ville de Genève trancheront le 13 juin. Ils doivent se prononcer uniquement sur le plan localisé de quartier (PLQ) et les modifications des limites de zones du terrain.

 

Delphine Palma