Genève

Des enfants travailleurs revendiquent leurs droits

07.05.2019 08h49 Rédaction

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Cap sur l’Inde, la plus grande démocratie du monde, où les défis sont amplifiés. 13 millions d’enfants y travaillent aujourd’hui. Et si c’était eux qui prenaient la parole pour défendre leurs droits? Terre des hommes a créé des écoles et des clubs pour les former.

A côté de leur emploi, des enfants viennent suivre des cours dans une école informelle.  Aujourd’hui c’est anglais. Un enseignement de quelques heures avec l’objectif de les retirer petit à petit de leur travail et d’entrer à l’école secondaire.

L’association organise pour ces enfants une instruction de base, mais pas que. Sur des post-its, des enfants écrivent des problèmes auxquels ils sont confrontés. Rues insalubres, mariages forcés, soucis de santé liés au travail. Ils sont les représentants de centaines d’enfants travailleurs qui se réunissent dans des clubs comme celui-ci, quelques heures par semaine. On les informe sur leurs droits. Environ 9000 enfants et adolescents à travers le pays y participent.

« Après avoir été informée sur mes droits, j’ai commencé à prendre conscience de certaines injustices. Pourquoi les femmes ne peuvent pas sortir après le coucher du soleil, pourquoi elles ne peuvent pas porter des jeans. Au lieu de se concentrer sur ces interdictions, il faudrait plutôt assurer la sécurité des femmes » raconte Akanksha, 20 ans, membre d'un club d'adolescentes.  

A l’extérieur des clubs, des jeunes utilisent le théâtre pour sensibiliser la population. Dans cette classe de filles, une pièce sur le mariage d’enfants avant l’âge légal.

Les jeunes adressent aussi aux autorités locales des demandes pour faire respecter leurs droits et améliorer leur quotidien. En 2018, 300 requêtes ont été acceptées. Parmi elles, l’installation d’eau courante, de toilettes séparées pour les filles ou encore l’arrêt de châtiments corporels à l’école.

« On essaie de les protéger et de les mettre en lien avec le gouvernement car celui-ci a des subventions qui ne nous parviennent pas, ni aux enfants. Terre des Hommes ne pourra pas les aider pour une durée illimitée. Pour cela le gouvernement devrait être sensibilisé, ainsi que les communautés » explique Ashish, coordinateur pour Terre des Hommes Inde.

Pour l’association, parler aux enfants de leurs droits n’est pas suffisant. Ici des mères écrivent aux autorités pour améliorer les conditions des écoles. Des démarches qui prennent du temps, et qui passent aussi par le changement des mentalités.

« Par rapport à leurs filles, des parents se disent :  pourquoi les garder longtemps célibataires ? C’est un membre de la famille en plus que je dois nourrir. Pourquoi financer son éducation ?  Je devrai aussi payer ses habits, sa nourriture. Si je la marie jeune, elle devient la responsabilité de son mari et de sa famille. Au moins ça fait un estomac de moins à nourrir. C’est ça qu’ils se disent » raconte Sampa, responsable de projet.

42% des femmes mariées en Inde ont été mariées mineures.

                                                                                                                                    Priscilia Chacón