Genève

Jérôme Pugin: «On ne s’habitue pas à la mort, on vit avec»

22.01.2021 17h42 Rédaction

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Il côtoie la mort quotidiennement, encore plus depuis le début de la pandémie: le professeur Jérôme Pugin, médecin chef du service des soins intensifs des HUG, l’affirme, «on ne s’habitue pas à la mort, on vit avec des moyens de l’appréhender du mieux possible». Le médecin se rappelle très bien du premier décès de sa carrière. «Je peux même vous dire la chambre et la place de cette personne, évoque-t’il. J’étais interne et une personne très âgée est décédée lors de ma première visite médicale. J’ai ressenti beaucoup de désarroi.» 

«Il n'y a pas "des morts" mais d’une série de personnalités qui décèdent»

Ces décès peuvent pousser ceux qui les affrontent au quotidien à envisager différemment sa propre mort ou celle de ses proches. C’est le cas du professeur Pugin. «En travaillant aux soins intensifs, je ne vois que les cas les plus graves. Par exemple, mes enfants n’ont jamais eu de la fièvre, ils avaient immédiatement la méningite.» S’il ne se considère pas comme hypocondriaque, le médecin-chef des soins intensifs admet que de côtoyer la mort pousse à s’interroger et à dialoguer avec ses proches sur ses volontés au moment venu. 

Même si la mort est un aspect fréquent du travail aux soins intensifs, Jérôme Pugin souhaite rappeler qu’on ne parle pas «des morts mais d’une série de personnalités qui décèdent, avec leurs histoires et leurs proches». Une réalité qui, selon le professeur, doit pousser à toujours plus de médecine personnalisée dans l’approche de la fin de vie. 

 

Léa Frischknecht