Genève

La compagne de Julian Assange se confie à Léman Bleu

04.06.2021 18h21 Rédaction

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Inquiète, combative et déterminée, elle rêve d'une libération et d'une vie paisible en Suisse.

Pour rappel, Julian Assange risque une peine de 175 ans de prison. Plusieurs institutions et personnalités s'unissent autour d'un Appel de Genève pour la libération "immédiate" de Julian Assange. Dans cette initiative lancée vendredi, elles demandent à la Suisse ou d'autres pays d'accueillir le fondateur de WikiLeaks. La compagne de Julian Assange, Stella Morris, est passée par Genève aujourd’hui. Elle s’inquiète pour le fondateur de Wikileaks toujours emprisonné à Londres et dont les Etats-Unis réclament encore l’extradition. Entretien avec Philippe Verdier:

Welcome Stella Morris to Geneva. Pouvez-vous nous donner quelques nouvelles de Julian Assange ? 

Malheureusement, les nouvelles sont que Julian se trouve toujours en prison 2 ans et demi après. Même en ayant eu gain de cause en janvier, il reste enfermé dans une cellule de 9m2 en isolation six mois plus tard. Je ne l’ai pas revu depuis le 6 janvier lors de son audience. Il n’a pas vu ses enfants depuis octobre.

Que vous dit le Gouvernement britannique, quelle est sa position officielle?

Le Gouvernement ne dit rien, il aurait dû refuser la demande d’extradition aussitôt après l’avoir reçue car c’est une extradition abusive envers Julian. L’affaire est absurde puisqu’il s’agit de persécuter un homme pour avoir publier de vraies informations. Le Gouvernement devrait avoir honte de n’avoir rien fait.

Le Gouvernement des États-Unis a changé, l’arrivée de Joe Biden a-t-elle changé quelque chose?

Pas encore. Je pense que le gouvernement de Biden étudie le dossier. C’est une affaire très controversé aux États-Unis. Tous les organisations défenderesses de la liberté de la presse sont contre la condamnation. Ils affirment qu’il s’agit de la menace la plus forte face à la liberté d’expression de la presse. Je ne vois donc pas comment le gouvernement américain actuel pourrait ignorer l’affaire, un effort devra être fourni par tous les acteurs. La Suisse, à travers les organisations internationales, devrait s’assurer que l’administration Biden abandonne les charges de cette affaire. Joe Biden devrait décider de ne pas persécuter Julian comme le Président Obama l’avait fait, car l’affaire est un héritage de l’administration Trump.

À Genève, le Gouvernement serait favorable pour accorder un visa humanitaire pour permettre à Julian Assange de venir ici, avez-vous des nouvelles de la Suisse en ce sens?

Je comprends que des échanges confidentiels aient lieu et je sais que le Gouvernement helvétique a exprimé son inquiétude envers l’état de santé de Julian et sa capacité à survivre, c’est pourquoi j’espère que nous pourrons nous installer ici, avec Julian non seulement en statue, mais aussi en personne.

Si Julian Assange est libéré il pourrait soit s’établir en France, soit en Suisse. Ces hypothèses vous semblent-elles possible aujourd’hui?

Je pense que la Suisse est le bon endroit pour maintenir Julian en sécurité. C’est ce qui se passe avec les persécutés politiques et Julian représente les valeurs de cette Ville.

Les statues derrière nous représentent les lanceurs d’alerte, Julian Assange en est un symbole. Vous sentez-vous soutenue, la mobilisation de l’opinion publique peut-elle jouer en votre faveur?

Je ressens un soutien chaleureux et un élan de bonne volonté. C’est vraiment incroyable de voyager jusqu’ici ou en France et de sentir cela. Je pense qu’il y a une compréhension croissante sur les enjeux, les faits et la vie de Julian qui en dépend. Son emprisonnement n’est pas en accord avec les valeurs d’une démocratie.

Vous traversez depuis des années un long combat, vous arrive-t-il parfois de rêver à une vie sereine pour lui, pour vous et vos deux enfants, peut-être ici à Genève ou ailleurs?

Oui, je n’aspire à rien de plus qu'à cela, juste une balade dans la nature avec Julian, s'asseoir au pied d’un arbre, et jouer avec les enfants. C’est en pensant à cela que l’on arrive à tenir.