Genève

Après la dure maladie, réapprendre à vivre normalement

30.04.2020 16h30 Rédaction

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«Je l'avais déjà avant ce tremblement, mais là c'est bien pire !» À Beauséjour, le maître mot en ces temps, c'est celui de «réappendre». Réapprendre à manger, à déglutir, à marcher, agir avec minutie. Car tous ces gestes sont commandés par le cerveau et les nerfs. Mais ces derniers seraient fortement impactés par le passage du virus.

De la perte du goût à l'AVC

Aux HUG, le chef de clinique Matteo Coen se penche sur ce sujet. «Environ un tiers des patients Covid développent des complications neurologiques. Ce chiffre monte à 80% lorsque ces patients passent par les soins intensifs. Il y a donc un lien entre la gravité de la maladie et celle de l'atteinte neurologique».

Des séquelles de la maladie, oui, mais le virus pourrait aussi être à l'origine même des problèmes neurologiques. «Nous avons plus de complications que d'habitude pour d'autres maladies» précise Matteo Coen. Parmi les atteintes, la perte du goût et de l'odorat, et parfois jusqu'à l'AVC. Les atteintes les plus graves concernent 5 à 6% des patients. 

Première gorgée d'eau

Une partie de ceux-ci récupèrent à Beauséjour, au centre de rééducation spécialement aménagé pour ces cas Covid. Ici se croisent les ergothérapeutes, kinés, nutritonnistes. Tous ont un rôle important à jouer. Car pour ces patients, il faut réapprendre à vivre normalement.

Au détour des chambres, une logothérapeute est en séance avec Yves, un patient présent depuis plusieurs jours à Beauséjour. Il n'a pas pu ingérer ou boire quoi que ce soit depuis trois semaines car alimenté par sonde. Avec la logothérapeute, il prend ce jour sa première gorgée d'eau. «C'est le paradis» soupire Yves. De petits gestes, qui font prendre la mesure de ce que vivent certains patients déjà durement touchés par leur passage aux soins intensifs. 

Céline Argento, Coline Utz