Genève

Rufenacht déplore une «chasse aux sorcières» au PLR

01.04.2021 09h48 Rédaction

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Quelques jours après la défaite de la droite à l'élection partielle au Conseil d'État, le PLR réfléchit à son avenir. Selon un document que nous avons pu nous procurer, Gilles Rufenacht, membre du comité directeur, fustige «une chasse aux sorcières» et propose une présidence tournante. 

Lors de sa prise de parole au Comité directeur du PLR mardi matin, dont nous avons pu nous procurer les notes, Gilles Rufenacht s'en prend à la stratégie du parti ces derniers mois:

«Le PLR est devenu le parti qui n’aimait pas Maudet, un parti sans projet politique, juste le parti qui n’aimait pas Maudet. Une campagne ratée, des violences verbales, une chasse aux sorcières, le mot de «purge» employé au codir, on se croirait en tant de guerre. Tout ceci en se targuant d’avoir des valeurs supérieures aux autres. Le cauchemar.»

Gilles Rufenacht vise également le président du PLR: «Que propose notre président? En premier lieu, sa réélection. Ensuite, des assises de la droite genevoise. Je peux déjà vous dire que les partis de droite et de centre-droit ne viendront pas si nous n’avons pas réglé avant nos difficultés internes.»

Présidence tournante

Le membre du Comité directeur expose ensuite ses propositions. Tout d'abord, l'instauration d'une présidence tournante entre Libéraux, Radicaux et Jeunes Libéraux-Radicaux. Ensuite, Gilles Rufenacht appelle à des assises du PLR. Enfin, il demande un travail sur un modèle politique fort, basé sur un modèle participatif.

Contacté, Gilles Rufenacht refuse de s'exprimer publiquement pour le moment. Il mise sur une discussion à l'interne du parti. Une nouvelle séance du comité directeur du PLR doit d'ailleurs se tenir le 13 avril.

Bertrand Reich parle de «trahison»

De son côté, Bertrand Reich, président du PLR a envoyé ce jour à tous les membres du parti un message dans lequel il lance un appel à l'unité, tout en invitant les soutiens actifs de Pierre Maudet au premier tour à quitter le parti:

«La liberté n’est toutefois rien sans la responsabilité et la liberté que nous voulons n’est assurément pas celle de la trahison. Les quelques membres (ils se comptent sur les doigts d’une main) qui ont, au premier tour de l’élection complémentaire au Conseil d’Etat, joué un rôle actif en faveur d’un des adversaires de notre candidat, ont à mes yeux dépassé le point de non-retour et se sont exclus eux-mêmes du parti. A titre personnel, j’attends de ces personnes qu’elles assument leur choix et rejoignent celui qu’elles ont préféré au candidat de leur parti et qu’elles préféreront encore en 2023. Simple question de cohérence.»

Bertrand Reich réfute le mot de «purge», selon le terme cité par Gilles Rufenacht. «À ce jour, il n'y a pas eu d'exclusion», nous dit-il. Mais le président du PLR n'exclut pas cette éventualité: «Tout dépendra de la prochaine séance du comité directeur.»

Laetitia Guinand / Vincent Ulrich

C’est le message du jour de Bertrand Reich aux membres du parti qui a mis le feu aux poudres, selon les deux démissionnaires. Jacques Jeannerat dit s’être senti directement visé par le message du président du PLR (invitant les soutiens actifs de Pierre Maudet au premier tour à quitter le parti, nb.). «Le bruit courait qu’on allait nous exclure ; j’ai souhaité prendre les devants.»  Non pas sans un pincement au cœur relève l’ancien député radical, qui rappelle avoir été «le premier chef du nouveau groupe PLR au Grand Conseil après la fusion des radicaux et des libéraux.» 

Même son de cloche chez Michel Rossetti, ancien conseiller administratif radical et Maire en Ville de Genève. Dans sa lettre adressée ce jour à Bertrand Reich, Michel Rossetti relève: «J’ai toujours pensé qu’un président avait le devoir impérieux de rassembler, (…) Vous avez cru bon de vous en affranchir en condamnant sans nuance celles et ceux qui ont soutenu Pierre Maudet dans sa campagne.» 

La présidence du PLR genevois n’a pas encore reçu les deux lettres de démission. Pour Bertrand Reich, cependant, «si Jacques Jeannerat démissionne du PLR, je considère qu’il est cohérent et que c’est une bonne chose, compte tenu de son rôle de chef de la communication de Pierre Maudet dès le premier tour.»  

Pas d’élan radical 

Pour l’instant, aucun des deux démissionnaires n’a l’intention de rejoindre un parti existant, pas même l’Elan Radical, récemment créé pour soutenir Pierre Maudet dans la partielle pour le Conseil d’Etat. «Le mot radical nous ramène en arrière», relève Michel Rossetti. «Je me sens davantage macronien, ce qui compte c’est de se rassembler et de construire ensemble.»  

Quant à Jacques Jeannerat, tout est ouvert. «Je me sens l’énergie de repartir pour 2023 mais dans quelle structure ? Pour l’instant, je n’en sais rien. Je n’exclus aucune option; intégrer un nouveau mouvement, s’il se créait, ou une structure existante comme les Vert'libéraux. Voire de revenir un jour au PLR, pour peu que le parti revienne à de meilleurs sentiments avec une logique plus constructive.»