Genève

Super Ligue : ils annulent (presque) tous !

21.04.2021 20h23 Rédaction

allez

La Super Ligue n'existe plus, selon l'entourage du patron de la Juventus Andrea Agnelli. Les sécessionistes abdiquent l'un après l'autre. Le retrait des clubs anglais, puis de l'Atlético, suivi du constat d'échec des trois équipes italiennes, a précipité la fin de cette compétition dissidente mercredi, après seulement 48 heures d'existence. Et le football européen espère désormais "rebâtir" son unité.

Par un retournement de situation aussi tonitruant que l'avait été lundi son irruption dans le paysage, ce tournoi privé et quasi fermé, imaginé par de grands clubs pour supplanter l'historique Ligue des champions de l'UEFA, s'est retrouvé orphelin de plus de la moitié des sécesssionistes, 48 heures après son lancement... en attendant les possibles désistements d'autres équipes.

L'Atlético Madrid, premier club espagnol démissionnaire, a emboîté le pas des clubs anglais mercredi. C'est ensuite l'Inter Milan qui a donné le signal du retrait de tous les clubs italiens. Il ne reste donc plus que le Real Madrid et le FC Barcelone à ne pas s'être mis en retrait !

Cette vague de défections a été lancée mardi soir par Manchester City d'abord, puis Arsenal, Liverpool, Tottenham, Manchester United et enfin Chelsea, qui ont tué dans l'oeuf ce projet susceptible d'assurer aux grosses écuries des revenus colossaux grâce à un ticket permanent dans un tournoi quasiment inaccessible aux autres formations du continent.

Une poule au oeufs d'or... morte-née

Andrea Agnelli, l'une des figures de la sécession, n'a pu que se rendre à l'évidence: pour le président de la Juventus, le projet ne peut exister sans les six clubs anglais, a-t-on appris mercredi auprès de son entourage, alors que le titre boursier de la Juve dévissait à la Bourse de Milan (-12%). Qui sera le prochain à jeter l'éponge ? Il est « admirable de reconnaître une erreur, et ces clubs ont fait une grosse erreur », a souligné mercredi Aleksander Ceferin, le patron de l'UEFA qui a multiplié les menaces envers les sécessionnistes depuis 48 heures.

« Mais ils sont de retour au bercail maintenant, et je sais qu'ils ont beaucoup à offrir non seulement à nos compétitions, mais aussi à l'ensemble du football européen », a-t-il insisté dans un communiqué, se disant prêt à "aller de l'avant" et "rebâtir l'unité".

Une main tendue vers ces riches clubs dissidents, dont la vision mercantile a été rattrapée en quelques heures par le monumental tollé des supporters, des gouvernements, des instances et des plus grands joueurs du ballon rond.

La Champion's League, allez allez !

Dos au mur, les promoteurs de la Super Ligue ont déjà publié un communiqué s'apparentant à une mise en pause de leur projet, en plein milieu de la nuit en Europe, en annonçant qu'ils allaient « reconsidérer les étapes les plus appropriées pour remodeler le projet ».

En attendant de savoir ce qu'il adviendra des derniers représentants de cette Super Ligue, en premier lieu Florentino Pérez (Real Madrid), qui avait été bombardé président de la nouvelle compétition, cet épisode rocambolesque place le foot européen face aux immenses dissensions qui l'animent, entre riches clubs avides de bénéfices et nécessaire maintien d'une forme d'équité et d'incertitude sportives.

Les dissidents seront-ils punis pour avoir envisagé une telle révolution ? La réforme de la Ligue des champions à l'horizon 2024, adoptée lundi, sera-t-elle maintenue alors qu'elle ne semblait pas les satisfaire suffisamment, tout en étant critiquée par certains supporters comme étant peu lisible ?

Autant de questions dont l'Union européenne de football (UEFA) devra se saisir, elle qui a pourtant lâché du lest ces dernières années face aux plus gros.

« Je crois que les gens qui ont lancé cette Super Ligue ne se sont pas rendu compte du séisme qu’ils avaient créé. »

Michel Pont, ancien entraîneur adjoint de la Nati, voit cette Super Ligue comme un désastre. Il cite les propos du coach mancunien Pep Gardiola, qui s’est vivement opposé à cette ligue fermée. Pour lui, la mobilisation du monde du football à toutes les échelles « remet l’église au milieu du village. Ça remet le football populaire dans sa plus belle expression. » Il en appelle maintenant à l’UEFA à prendre en main, qui a manqué d’anticipation selon Michel Pont. « Ils ne pourront plus faire une Champion’s League hyperélitiste. » L’UEFA doit aussi mieux redistribuer les revenus vers les petites fédérations.