Genève

Pierre Maudet: «Je pense que le peuple ne m'a pas dit adieu»

30.09.2022 20h36 Rafael Pacheco

Pierre Maudet

Les raisons de sa nouvelle candidature, la saga judiciaire, le «nouvel homme», les démêlés fiscaux et les ambitions et projets pour Genève, Pierre Maudet a répondu aux questions de Jérémy Seydoux lors d'un grand entretien.

1. «Le peuple m'a dit au revoir, je pense qu'il ne m'a pas dit adieu»

Pierre Maudet débute son entretien en avouant un certain «trac», en précisant qu'il n'a pas foulé un plateau télévisé depuis presque deux ans. Il explique d'entrée de jeu la raison de son retour: «ce peuple qui m'a dit au revoir, il était partagé [...] j'ai beaucoup écouté des gens qui ont besoin qu'on porte leur préoccupation.» L'ancien conseiller d'Etat ne demande pas que le peuple oublie, mais qu'il «reconnaisse la constance de ses engagements depuis 30 ans pour Genève».

2. «La politique c'est ma vie [...] c'est l'idée de servir la population, participer plutôt que de subir»

Dans le monde politique, l'annonce du retour de Pierre Maudet n'a pas surpris. Et pour cause, le principal intéressé révèle qu'il n'a jamais été question d'arrêter la politique. Malgré les polémiques – judiciaires, entre autres – Pierre Maudet ne s'est jamais détaché de ce qu'il qualifie comme une «passion». Sa non-réélection en 2021 aurait pu servir de leçon, le quadragénaire a digéré l'échec pour y voir une «opportunité». L'ancien conseiller d'Etat le rappelle à plusieurs reprises durant l'entretien: «c'est le peuple qui décide».

Pierre Maudet veut changer le fonctionnement des caisses maladie

3. «Mon ADN c'est le radicalisme, [...] la défense de toutes les libertés publiques et privées»

Pierre Maudet le crie haut et fort: il n'est pas de retour habité par un esprit de vengeance. Il décrit l'époque actuelle comme un temps «où les libertés reculent». Une mobilité réduite qui est, selon lui, mal représentée aujourd'hui au sein du pouvoir. Pour cette raison, Pierre Maudet présente la liste «Libertés et Justice sociale», aux élections du printemps 2023, pour «porter des projets». Le premier, annoncé en exclusivité au cours de cet entretien, concerne le pouvoir d'achat, et pourrait chambouler le fonctionnement actuel des caisses maladies: «Ou les caisses restituent (sic: les bénéfices), ou bien on passe à une logique de caisse unique pour l'assurance de base afin d'exercer un contrôle citoyen.»

4. «J’ai toujours été convaincu de ne pas avoir franchi la ligne rouge du droit pénal»

Revenant sur l'affaire du voyage à Abu Dhabi qui n'a jamais cessé de le suivre et qui attend un dénouement au Tribunal Fédéral, Pierre Maudet reste impassible: «une condamnation ne changerait rien à mon projet politique». Soucieux de transparence, l'ancien élu annonce que le budget de sa campagne actuelle avoisinera les 300'000 chf et que le détail des dons reçus et plafonnés à 5'000 chf seront accessibles au service des votations.

5. Pierre Maudet, un homme nouveau?

«Je ne sais pas si j'ai changé», lâche le Genevois. Il précise avoir été accompagné par son entourage, sans quoi il «n'aurait pas tenu», et détaille: «Avec le séisme que j'ai vécu, [...] évidemment que je vois un certain nombre de choses différemment.» Convaincu d'avoir appris de ses erreurs, l'ancien élu ne perd pas le nord: «Je ne demande qu'à pouvoir le démontrer».

6. Fraude fiscale: «On essaye d'entretenir un halo de mystère alors que les choses sont en réalité ultra claires»

Impliqué dans des démêlés fiscaux, Pierre Maudet a dû payer une amende et a subi un rattrapage d'impôts. Il tient à le souligner, il n'y a pas eu de fraude fiscale. Il précise que la justice a considéré ses erreurs comme une «négligence». L'homme estime que les accusations de «coup monté» qui lui sont adressées ne tiennent pas la route car, si tel était le cas, il aurait monté ce stratagème sur les quatorzes années de sa magistrature et non pas sur quatre déclarations fiscales.