Genève

Chiffres et avancées scientifiques sous l’œil de Bertrand Kiefer

20.11.2020 19h22 Rédaction

Bertrand Kiefer

Les derniers chiffres sur la situation épidémiologique à Genève sont plutôt positifs: alors que les hospitalisations sont retombées sous la barre des 500, ce qui n’était plus arrivé depuis le début du mois de novembre, le nombre de cas grave connait également une légère baisse. Pour Betrand Kiefer, médecin, ces chiffres sont encourageant et montrent que le sacrifice mené par la population porte ses fruits. Pour celui qui est également rédacteur en chef de la Revue Médicale Suisse, l’enjeu est aujourd’hui d’éviter un effet «yoyo» qui serait épuisant pour tout le monde. «Une décrue permanente est nécessaire. Ensuite, il faudra bien gérer le semi-déconfinement pour éviter une troisième vague.»

Un coronagraben difficile à expliquer

Alors que les cantons romands se trouvent dans le classement des régions européennes les plus touchées par la troisième vague de Covid-19, les cantons alémaniques, eux, semblent être plus épargnés. Pour Bertrand Kiefer, ce phénomène s’explique difficilement. «C’est un phénomène multi-factoriel mais c’est l’ensemble qui apporte une réponse, nous n’avons pas une explication précise.» Comme exemple d’explications, l’éthicien évoque notamment des différences culturelles, les chiffres de la suisse romande s’approchant plus des chiffres des pays latins où les citoyens sont souvent plus «tactiles».

Un déploiement de la science encore jamais vu

Alors que l’on connait déjà les masques ainsi que le gel hydroalcoolique, des chercheurs de l’Université de Birmingham disent avoir développé un nouvel outil pour se prémunir du Covid-19: un spray nasal qui pourrait empêcher le virus de se développer. «Pourquoi pas», réagit le rédacteur en chef de la Revue Médicale Suisse. Il reste toutefois prudent, la découverte étant encore à un stade très préliminaire. «Il faudra notamment tester d’éventuels effets secondaires graves. »

Une recherche qui s’ajoute à beaucoup d’autres à travers le monde. Ce sont des dizaines de candidats-vaccins, de traitements potentiels et de moyens de protection qui agitent aujourd’hui la science. «C’est du jamais vu, affirme Bertrand Kiefer. Également dans la rapidité avec laquelle ces recherches sont menés. Énormément de laboratoires ont réorienté leurs recherches vers le Covid-19.» Des recherches peuvent compter sur un énorme budget. prudence toutefois, il ne faudrait pas que ces sommes d’argent mènent à la tentation de brûler des étapes dans la recherche. «Il faut être très attentif. Nous n’avons que des communiqués de presse, les protocoles scientifiques ne sont pas public et ce n’est pas sérieux.»

«La vaccination ne doit pas être obligatoire »

Et parmi ces vaccins potentiels, plusieurs candidats semblent arriver à bout touchant, le tout, en un temps record. Alors que les autorités suisses planche déjà sur leur déploiement, beaucoup de questions se posent et la population semble sceptique. Selon Bertrand Kiefer, les nombre de vaccino-hésitants est énorme et il s’agit désormais d’éviter toute opacité sur les éventuels effets secondaires de ces vaccins. «Il faudra d’abord vacciner les personnes à risque puis, ceux qui le veulent. Il ne faut certainement pas obliger les gens à se vacciner mais expliquer.»

Va-t-on vers le risque de se voir refuser l’accès à certains lieux si on n’est pas vacciné, à l’image du port du masque? Bertrand Kiefer ne pense pas que cela soit une bonne idée. «Le vaccin, à la différence du masque, c’est une intrusion dans le corps, une atteinte à l’intégrité corporelle et c’est difficile d’imposer ça.» Pour le médecin, l’efficacité des vaccins ainsi que peu d’effets secondaires pourraient convaincre plus largement la population à se vacciner. Il est d’ailleurs assez confiant de l’arrivée des nouveaux vaccins mRNA, totalement novateurs: «Il y a bien des raisons de se dire qu’il y aura moins d’effets secondaires que pour certains vaccins.»

Une année 2021 plus lumineuse

Le médecin, qui est également théologien, espère que Noël sera quand même une fête, «même si elle doit être revisitée, à l’extérieur, sous de gros manteau.» Il y voit aussi la transition vers de jours meilleurs, la fin d’une année 2020 compliquée. «On verra un peu plus de lumière en 2021.»

 

 

Léa Frischknecht