Genève

Ruth Dreifuss: «Nous voulons voir les effets d’un marché contrôlé»

27.09.2022 20h01 Rédaction

À Genève, la régulation du marché du cannabis connaît une avancée: un projet-pilote verra prochainement le jour. L’ancienne conseillère fédérale Ruth Dreifuss se bat depuis plus de 40 ans pour changer notre approche en matière de politique liée aux drogues. Elle est notre invitée.

La vente régulée de cannabis pourrait bientôt voir le jour à Genève. Un projet-pilote a été présenté aujourd’hui. Derrière ce lieu de vente, une étude scientifique et un programme de prévention sont mis en place. Pour Ruth Dreifuss, «C’est une étape importante qui vient d’être franchie. Cela annonce le début d’une procédure qui permettra de savoir l’année prochaine si un marché régulé est mieux qu’un marché noir.»

L’ancienne conseillère fédérale, engagée pour une régulation des drogues, veut désormais «décriminaliser la consommation et que l’on envisage de passer sur un marché contrôlé.» Pour elle, il faudrait aller de l’avant sur toutes les drogues, en priorité sur le cannabis. «Beaucoup de gens en consomment sans avoir de problème. Le seul problème qu’ils ont, c’est qu’ils doivent acheter au marché noir.»

«Je n’aime pas les beuveries des ados»

Qui dit marché contrôlé dit limites. Pour l’expérience, 1’000 participants auront le droit de se procurer 10 grammes chaque mois, sous la surveillance de plusieurs chercheurs et médecins. «Cela ne sera pas un marché comme ceux de tabac et de l’alcool, où l’on s’est fait avoir par les lobbies. (…) Je n’aime pas les beuveries des ados, je crois que c’est plus dangereux qu’un joint fumé en bonne compagnie.»

Ruth Dreifuss a conscience qu’il sera dur d’éradiquer le deal de rue. «Mais ce sont des modèles que nous cherchons. Nous voulons voir les effets d’un marché contrôlé, avec des productions locales.» Cet accès fera-t-il baisser la consommation? «Cela ne va pas forcément augmenter le nombre de consommateurs, mais cela sera une consommation avec un produit de meilleure qualité et moins puissant. Cela ne me gênera pas si l’on a un peu plus de consommateurs mais qu’ils consomment mieux.»