Genève

Bagarre aux Vernets: «Les tribunes doivent redevenir la propriété des clubs»

17.10.2022 19h45 Rédaction

Samedi, des supporters du Servette FC s’en sont pris à des fans du Genève-Servette dans un bar à proximité des Vernets après une victoire du GSHC. La police a dû faire usage de gaz lacrymogène alors que des familles étaient présentes. Récit, analyse et réaction de Mauro Poggia.

D’un côté la Section Grenat (SG), qui suit le Servette Football Club. De l’autre, les Irréductibles Grenat (IG), qui suivent le Genève-Servette Hockey Club. Samedi, après la victoire de l’équipe de hockey aux Vernets, quelques membres de la Section Grenat ont chargé devant et à l’intérieur du Prime’s, juste à côté des Vernets. La SG voulait s’en prendre aux IG. Bagarre fratricide donc, qui a lieu dans un bar traiteur exclusif du Groupe Grenat. La police a dû intervenir en force, en utilisant du gaz lacrymogène alors que des familles étaient présentes.

Les raisons de l’altercation? Plusieurs pistes sont évoquées, mais avec la culture du secret propre au milieu, difficile de démêler le vrai du faux. Toutefois, le gros du problème fait intervenir des fans du club français de Sochaux : les joyriders, amis historiques de la Section Grenat. Une amitié a qui prit fin il y a déjà plusieurs années. Les deux groupes sont aujourd’hui en lutte.

Récemment, des Irréductibles Grenat ont affiché un drapeau de Genève en tribune avec les ultras de Sochaux. Inacceptable pour la Section Grenat. À partir de là, plusieurs altercations ont eu lieu, qui ont mené à l’affrontement plus violent de ce samedi. Notons enfin qu’aucune interpellation n’a eu lieu suite à cet incident.

Les causes «sont à chercher ailleurs»

Pour Vincent Ulrich, rédacteur en chef adjoint de Léman Bleu, les clubs mènent un double jeu: «Ils condamnent les violences, mais soutiennent les groupes ultras. Des discussions ont lieu très régulièrement, les communications complaisantes envers ces groupes sont légion. Parce que les clubs ont un intérêt: les ultras mettent l’ambiance dans les stades et les patinoires. Les clubs ont externalisé l’animation de leurs tribunes à des groupuscules ultra-violents. Et tant pis, si parfois ça déborde.»

Les clubs ont condamné les évènements, mais font du sur-place: «Didier Fischer, président de la Fondation 1890 qui détient les deux clubs, a communiqué très fermement, il faut le saluer. Mais même dans sa prise de position courageuse, aucune mesure n’est annoncée. C’est même pire, je cite : ”Il ne faut pas que ça se répète”. Problème, nous en sommes déjà à la récidive. Ces groupes ultras doivent aujourd’hui être banni des stades, avant qu’ils n’y bannissent les familles. Les tribunes doivent redevenir la propriété des clubs, et non celles de ces gangs. En Angleterre, il a fallu des morts pour que les clubs et les autorités s’attaquent à la racine du mal. Nous pouvons encore l’éviter.»

«Je pense qu’il faut réformer notre approche de la violence»

Pour Mauro Poggia, «la police fait son travail, mais si cela devenait récurrent, nous devrions augmenter les forces de sécurité et tout cela serait facturé au club. Si ces personnes viennent pour en découdre, il n’est pas question que leur place soit dans les stades ou dans les patinoires.» 

Le conseiller d’État appelle les clubs à «mettre au pas les ultras. Monsieur Fischer l’a fait et il faut que cela soit entendu, car sinon cela sera l’interdiction d’accès à la patinoire ou au stade.»