Genève

Le clitoris, organe si méconnu, au coeur d'une recherche genevoise

15.11.2022 17h08 Céline Argento

clitor

Pour ce deuxième épisode de notre série sur la santé sexuelle, nous nous intéressons à l’anatomie du clitoris. Car ce petit organe, sur le devant de la scène depuis quelques années, reste bien méconnu. Un groupe de chercheuses de Genève souhaite tout savoir sur lui, en l’étudiant sous toutes les coutures et notamment sur des corps donnés à la science.

Sur des comptes instagram, personnage principal de romans graphiques, il s’élève même en château gonflable. Le clitoris, organe du plaisir féminin, est de plus en plus visible suite aux premières études menées ces dernières années. Mais il reste encore bien loin du pénis: 40'000 occurence pour ce dernier dans les bases de données scientifiques, contre 2'000 pour le clitoris. Pour y remédier, un programme a été monté par l’université, intitulé «sciences sexes et identités». Céline Brockmann, collaboratrice scientifique: «Je me suis rendue compte à 47 ans de la forme exacte de cet organe. Et pourtant, je suis une spécialiste de la zone». 

Disparition du clitoris

Le clitoris avait pourtant été minutieusement étudié, et détaillé en 1850 par l’Allemand Kobelt, avant de tout simplement disparaitre des traités anatomiques cent ans plus tard. Car les chercheurs de l'époque ont compris que le clitoris n’a pas de fonction dans la reproduction. Dès lors, il a eu moins d'intérêt. Même les manuels scolaires l'ont fait disparaître, jusqu'à il y a quelques années.

En 2016, la chercheuse française Odile Fillod a pour la première fois modélisé un clitoris en 3D, et l’a ainsi propulsé sur le devant de la scène. Mais il en reste beaucoup à apprendre. La doctorante Maeva Badré vient de se lancer dans son projet sur l’anatomie du clitoris: «L'idée est de mieux savoir comment il est constitué, comment il fonctionne, notamment dans sa fonction éréctile et sur le plaisir». 

8'000 terminaisons nerveuses, vraiment ?

Le travail se fera sur des cadavres de personnes ayant donné leur corps à la science, en faisant entre autres de l’histologie, soit une coupe très fine de l’organe: «Cela nous permettra de travailler sur les terminaisons nerveuses. Car ce chiffre de 8'000 beaucoup propagé, vient d'une étude de 1976 faite sur des vaches». 

La recherche menée actuellement permettra la formation, grâce à la construction de modèles 3D. Elle aura aussi des vertu médicales et chirurgicales, comme le précise la médecin Jasmine Abdulcadir: «Lorsqu'il y a un cancer ou des problèmes dans cette zone, nous saurons mieux comment appréhender le clitoris et sa constitution pour la chirurgie». Une approche genevoise du clitoris, interdisciplinaire, pour mieux connaitre cet organe, longtemps négligé.

Santé sexuelle, épisode 1 : interview du directeur du centre Maurice Chalumeau, en pointe sur la recherche en santé sexuelle