Genève

Écoutes illégales: la commandante de la police auditionnée

29.11.2022 18h38 Denis Palma, Jérémy Seydoux

SCHWEIZ TREFFEN BIDEN PUTIN BONFANTI Monica Bonfanti

Nos révélations sur le scandale des écoutes d’avocats. Le dossier avance. Ce lundi, la commission de contrôle de gestion du Grand Conseil a entendu les hauts cadres de la police.

La commandante de la police cantonale Monica Bonfanti et le chef de la police judiciaire Richard Boldrini ont été entendus. Selon nos informations, ils ont gardé le silence sur l’enquête en cours, et se sont contentés d'expliquer comment fonctionnent les directives de police en matière d’écoutes téléphoniques. 

Devant la commission, ils ont été clairs: dès qu’un avocat est identifié au téléphone, l’écoute doit immédiatement s’arrêter et aucune directive n’autorise sa retranscription. Selon les hauts gradés, personne n’ignore ces règles au sein la police. Problème, elles ont manifestement été violées. Que s’est-il passé? L’enquête le déterminera. Elle déterminera aussi s’il s’agit d’un cas isolé ou d’une pratique courante.

L’investigation politique s’arrête 

Les députés de la commission n'entendront pas le Ministère public et les avocats concernés par les écoutes. Sous l’impulsion du PLR et du PDC, les députés estiment que les procédures existantes et le cadre institutionnel ne peuvent être remis en cause. Dès lors, le travail politique s'arrête. Selon eux, ce dysfonctionnement doit être investigué par la justice, séparation des pouvoirs oblige.

Éviter que l'affaire ne s'étouffe

Néanmoins, plusieurs députés craignent que cette affaire ne finisse dans les oubliettes du Ministère public. Raison pour laquelle ces derniers planchent en ce moment sur la rédaction d’une lettre pour demander l’ouverture d’une procédure pénale. Et pour éviter que le Ministère public ne soit juge et partie, ils devraient réclamer le «dépaysement» de la procédure, soit la nomination d’un procureur issu d’un autre canton. 

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Mais pour lancer la machine, les personnes concernées par ces écoutes doivent porter plainte pour abus d’autorité. Des plaintes qui seraient dirigées contre les policiers impliqués, contre la procureure en charge du dossier Caroline Babel Casutt, qui vient de quitter le Ministère public, mais aussi contre deux autres procureurs qui ont participé à l’instruction de cette affaire: Jean-Bernard Schmid, parti à la retraite, et Yves Bertossa, aujourd’hui premier procureur de la République.

À ce stade, nous n’avons pas reçu de confirmation officielle qu’une plainte ait été déposée.