Genève

Affaire Fischer: de nouveaux éléments mettent à mal sa défense

29.08.2023 17h39 Jérémy Seydoux, Denis Palma

Fabienne Fischer Jean Rossiaud

Six mois avant l’octroi de mandats controversés, la commission des finances du Grand Conseil accorde à Fabienne Fischer plusieurs enveloppes budgétaires. Les députés ignorent qu’elles serviront à financer les fameux projets associatifs portés par le compagnon de l’ex-conseillère d’État. À ce moment, Jean Rossiaud siège encore au comité de l’association Monnaie Léman. 

Depuis nos révélations avec Le Temps sur l’octroi de mandats par Fabienne Fischer à des projets chers à son compagnon, la ligne de défense du couple consiste à rappeler que Jean Rossiaud n’était plus membre des instances dirigeantes associatives au moment de la signature des contrats. Et ce, malgré nos recherches qui montrent que l’homme demeurait très actif dans les structures et continuait de suivre de près la réalisation des projets, au point de s’en féliciter personnellement. 

Or, de nouveaux éléments mettent à mal cette défense, révèle Léman Bleu. Début février 2022, au moins un mois avant que Jean Rossiaud ne quitte le comité de Monnaie Léman, Fabienne Fischer adresse plusieurs demandes de crédits supplémentaires à la commission des finances du Grand Conseil. Le libellé des enveloppes renvoie sans le nommer au projet Smartketplace porté par le compagnon de la conseillère d’État. 

Contacté, le département de l’économie et de l’emploi (DEE) confirme: «Ce crédit a été dûment voté par la commission des finances et a effectivement permis de financer Smarketplace.»

Les députés n’ont rien vu

Le 2 mars 2022, 100’000 francs sont accordés pour «la mise en œuvre d’une place de marché numérique», indique un communiqué de presse de la commission des finances. Ce crédit passe la rampe grâce aux votes de la gauche et du MCG. Les députés n’ont-ils rien vu ?

«On nous a présenté cette dépense comme étant en relation avec les difficultés du commerce local et la nécessité de le faire rebondir. Pendant la crise Covid, on ne pinaillait pas sur ça. Si on avait eu connaissance des liens entre ce projet et le compagnon de la conseillère d’État, le crédit aurait été refusé», se justifie François Baertschi, membre MCG de la commission des finances. 

Jean Rossiaud conteste 

Sollicité, l’avocat de Fabienne Fischer, Me Robert Cramer, n’a pas souhaité faire de commentaire. De leur côté, les avocats de Jean Rossiaud Mes Guglielmo Palumbo et Gabrielle Peressin indiquent: «M. Jean Rossiaud n’entend évidemment pas commenter les demandes de crédit, respectivement les activités du Conseil d’État, dans lesquelles on cherche désespérément à l’impliquer. Notre mandant conteste au surplus tout reproche en lien avec ces faits.»

L’épineuse question des mandats, parmi lesquels plusieurs sont octroyés sans appel d’offre par les conseillers d’État, intéresse en ce moment la commission des finances. L’ensemble des contrats supérieurs à 20’000 francs signés en 2022 seront passés au crible dès demain par les commissaires.