Genève

Affaire des écoutes: «Sur l’échelle de la Genferei c’est Abou Dabi puissance 4»

28.02.2024 18h49 Lucie Hainaut

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Au lendemain de nos révélations sur l’affaire des écoutes, les députés saisissent la commission de contrôle de gestion du Grand Conseil. Le dossier ébranle les politiques de tous partis.

Notre grande enquête: «Affaire des écoutes: justice en déroute»

Les élus qui siègent à la commission de contrôle de gestion comptent se saisir du dossier jusqu’au PLR, le parti du procureur général Olivier Jornot. Même si les commissaires ne peuvent agir que dans un périmètre restreint, comme le rappelle Alexis Barbey: «On a une limite, on n’empiète pas sur le territoire du pouvoir judiciaire puisqu’il y a une séparation des pouvoirs assez stricte. On ne pourrait leur poser des questions que sur leur organisation et sur l’administration du pouvoir judiciaire mais pas sur les affaires elles-mêmes et leur déroulement» souligne le Libéral-radical.

«C’est Abou Dabi puissance 4»

Du côté du vice-président de la commission, c’est la consternation: «On va en parler à la commission de gestion c’est évident parce que dans l’ordre des séismes sur l’échelle de la Genferei c’est Abou Dabi puissance 4. En termes d’atteinte à la crédibilité d’une institution aussi importante que le Palais de Justice, c’est une question dont les députés doivent se saisir» martèle Yves Nidegger, député UDC.

Des questions en suspens

Il ne sera certes pas possible d’enquêter sur le fond du dossier, mais les commissaires pourront tout de même creuser plusieurs points: «Il conviendra entre autres choses de se questionner sur le processus qui a mené à la nomination de ce procureur extraordinaire, Pierre Aubert. De s’interroger sur les éventuelles protections qu’il y aurait pu y avoir au niveau du pouvoir judicaire et de s’il y a eu des pressions sur le corps de police» énumère Francisco Taboada, député LJS à la commission de contrôle de gestion. 

Le processus des procureurs extraordinaires remis en question

En plus de la commission de contrôle de gestion, Dilara Bayrak siège à la commission judiciaire et de la police. C’est cet organe qui a mis en place le système de de procureur extraordinaire: «Ça m’interpelle un petit peu puisque le but c’était justement d’aller au fond des affaires, de rechercher la vérité, et de voir s’il y avait eu un dysfonctionnement de la part du procureur. Donc quand un procureur extraordinaire ne mène pas d’audition, ne fait pas le travail – en tout cas c’est l’image qui en ressort – ça questionne la légitimité et le fonctionnement du système des procureurs extraordinaires – en tout cas ce n’est pas ce que voulait le Grand Conseil» rappelle Dilara Bayrak, élue Verte au Grand Conseil.

La prochaine séance de la commission de contrôle de gestion est prévue lundi.