Genève

Affaire des écoutes: «La loi a été foulée aux pieds»

27.02.2024 19h43 Rédaction

bottge

Mes Bottge et Meier, avocats des promoteurs, se disent choqués par le traitement de l’affaire des écoutes. Ils demandent que l’instruction reprenne. 

«Ça illustre que l’on vit dans une république bananière, réagit Me Bottge à nos révélations sur l’affaire des écoutes. On est supposément en démocratie, le pouvoir judiciaire est un pilier central et on doit pouvoir compter sur la probité des magistrats et des policiers. Or, dans ces occurrences, la loi a été foulée aux pieds.»

«Aujourd’hui, en février 2024, quasiment rien n’a été entrepris»

Me Meier demande, lui, l’ouverture d’une enquête, menée dans les règles de l’art. Plus d’un an après la révélation de l'affaire, l’avocat craint qu’un deuxième scandale n'éclate sur la manière dont l’enquête est dirigée : «Je crois que l’auteur d’une infraction ne devrait pas guider la manière dont on mène une enquête. (…) Plus personne ne conteste que des avocats ont été écoutés, beaucoup de gens se sont émus. Aujourd’hui, en février 2024, quasiment rien n’a été entrepris et la manière dont le peu de choses ont été menées laisse à réfléchir sur l’objectif final.» 

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Cependant, L’avocat pointe le Procureur général, Olivier Jornot : «Je l’ai connu très empressé à condamner des policiers qui grillaient un feu rouge, je le trouve un peu plus attentiste à enquêter sur des policiers qui ont violé le secret professionnel. Il y avait la possibilité d’obtenir des éléments probants, il faut bien se rendre compte que c’est le Procureur général qui renonce à obtenir ces éléments de preuves.» Un second faux départ vient selon lui du procureur extraordinaire, qui n’a mené ni audition, ni confrontation en une année.

«On est face à une situation de crise tout à fait grave»

Une question fondamentale surplombe cette affaire: ces écoutes illégales ont-elles été utilisées dans le cadre de l’enquête? «Les audiences ont eu lieu alors qu’une heure avant celles-ci, la Procureure Babel Casutt avait un accès direct à ce que pouvaient échanger les avocats et leurs clients appelés à être entendus», rétorque Me Bottge. Pour Me Meier, des indices dans la procédure montrent que des informations collectées illégalement ont été utilisées lors des enquêtes. «Lorsque vous êtes prêts à fouler au pied des principes fondamentaux comme le secret professionnel, ça signifie que votre manière d’enquêter n’est pas impartiale», ajoute l’avocat.

Les avocats relèvent que le Ministère public n’a pas condamné les protagonistes de l’affaire, plus d’un an après les révélations. Si la procureure Babel Cassut a été récusée, la demande de récusation de la police, traitée par le Ministère Public, n’a pas avancé. «Dès lors qu’une justice s’autoprotège, qu’elle masque ses fautes sous une chape de plomb, qu’un procureur extraordinaire vient nous expliquer qu’il est “là pour prêter main-forte à la problématique qui pourrait entacher le bon fonctionnement de la justice genevoise”, on est face à une situation de crise tout à fait grave», conclut Me Bottge.