Genève

Anne Hiltpold: «Ça ne fait plaisir à personne de retirer un enfant à ses parents»

11.11.2024 20h26 Rédaction

C’est la première fois qu’elle s’exprime sur le sujet délicat de la protection des mineurs. Foyers débordés, parents déboussolés, décisions jugées abruptes, soupçons de maltraitance institutionnelle: la conseillère d’État répond à nos questions.

Le 15 octobre, la Cour des comptes présentait un rapport épinglant le suivi des parents d’enfants placés. Elle estimait notamment qu’ils devaient être considérés comme des acteurs dans le maintien de la relation familiale et non pas uniquement comme un élément perturbateur. La conseillère d’État rappelle que les enfants placés représentent 20% des cas et que ces mesures de protection sont ordonnées par la justice. «Quand cela arrive, c’est que l’on a tout essayé, ajuste Anne Hiltpold. On travaille dans ce cas à un retour à l’accompagnement des parents, mais il faut aussi se rendre compte que quand on a une mesure de placement, c’est que l’on est dans des cas très graves, où les enfants subissent des maltraitances.»

Questionnée sur les recommandations du SPIM, qui peut avoir la main lourde, la conseillère d’État répond qu’elles ne sont pas systématiquement suivies par la justice. «On est dans une situation où l’on a considéré qu’un parent ne pouvait plus prendre en charge son enfant et c’est très dur, ça touche et je comprends ces parents. Mais quand ils viennent vous expliquer leur situation, ils ne vont peut-être pas vous dire l’entier de leur situation», ajoute-t-elle

«On n’a jamais nié qu’il y a eu une problématique au sein du Service d’autorisation et de surveillance des lieux de placement»

De même, un audit confidentiel du Service d’Audit interne de l’État pointait de graves dysfonctionnements en termes de sécurité notamment dans les familles d’accueil. «Ce n’est pas la même situation. Ce sont plutôt des enfants qui viennent d’autres cantons parce qu’ils vont faire du sport à Genève et ce sont des familles d’accueil qui les reçoivent, avec des placements volontaires. Ce n’est pas la même situation que les placements ordonnés. (…) On n’a jamais nié qu’il y a eu une problématique au sein du Service d’autorisation et de surveillance des lieux de placement.»

Au sujet des placements ordonnés, la conseillère d’État déclare: «Si nous mettons ces enfants à l’abri, c’est que nous avons des raisons de le faire. Ça ne fait plaisir à personne de retirer un enfant à ses parents ni de le placer en foyer.»

Des délais de visite trop longs

Autre sujet, les délais de visite, qui sont de 4 mois minimum d’après une enquête de Tamedia. «Ils ne sont pas séparés de leurs parents, répond Anne Hiltpold. C’est dans le cadre de l’organisation des droits de visite dans des situations de conflit et de séparation. (…) On permet aux parents au parent de voir ses enfants dans un lieu qui fait de la médiation.» Elle reconnaît que les délais sont trop longs, bien que non systématiques et que ses services travaillent à réduire ces délais.

Une piste, serait de faire appel à quelqu’un d’externe pour entendre les parents et vérifier que la procédure a été respectée. «Ce sont des parents qui reprochent que tout le monde est de mèche et même une médiation de l’État ne servirait pas parce que tout le monde serait complice. (…) Ça peut être une situation pour ces personnes.» Des discussions sont en cours, l’idée d’un ombudsman est examinée. Un rapport de la sous-commission de contrôle de gestion devrait sortir prochainement sur cette question.