Anne Hiltpold: «On m'a proposé d'ouvrir une école non-autorisée»
En poste depuis moins de 100 jours, la conseillère d'État en charge de l'Instruction publique (DIP) Anne Hiltpold donne ses grandes orientations pour la législature à venir. Après avoir reçu des premières critiques, l'élue défend ses méthodes.
Jour de la rentrée des classes, la cheffe de l'éducation cantonale n'ignore pas que les devoirs vont pleuvoir sur elle, au fil de son mandat. «Je mesure l’ampleur de la tâche, c’est un département qui est immense [...] Je sens qu’il y a des attentes phénoménales», commente Anne Hiltpold.
La conseillère d'Etat se sait attendue au tournant. Dans un département porté par la gauche depuis 20 ans, à quels changements doit-on s'attendre avec un nouveau capitaine à présent plus dirigé à tribord? «Être plus proche du terrain, avec un département plus orienté vers les usagers», répond Anne Hiltpold.
Avec la santé mentale des jeunes et la réforme du Cycle d'orientation en priorité, la conseillère d'Etat veut agir. Arrivée en place dans un département parfois qualifié de «royaume des apparatchiks», Anne Hiltpold ne décrit pas comme impossible le fait de redresser la barre du navire avec le même équipage: «Ce sont des personnes compétentes et qui ont envie de bien faire. J’attends de voir».
Elle ajoute qu'il est primordial de «peser les conséquences» à chaque décision prise. La problématique du nombre croissant d'élèves à Genève revient constamment sur la table du DIP. À cela, la conseillère d'Etat rétorque: «On n’ouvre pas des classes en si peu de temps».
«On m’a proposé d’ouvrir une école non-autorisée»
Inaction, passivité? Le manque d'action n'est pas toujours synonyme de paresse. Anne Hiltpold révèle une proposition qui lui a été faite au cours de l'été. La cheffe du DIP s'est vu soumettre une ouverture d'école pour élèves spécialisés, dépourvue d'autorisations.
Évoquant le scandale de Mancy, la nouvelle conseillère d'État explique son refus d'ouvrir cet établissement, alors que plusieurs enfants atteints de troubles autistiques n'ont pas pu reprendre l'école. «On doit faire des choix. Tout le monde se souvient de l’affaire de Mancy. Il faut être prudent avant d’ouvrir des établissements dans la précipitation».
Un système en perte de vitesse
Sans se défiler, Anne Hiltpold estime qu'il faudra du temps pour que ce paquebot (ndlr: le DIP) «change complètement de cap». «Jusqu’à présent, on a réussi à répondre à presque tous les besoins, mais en déplaçant des élèves ou en remplissant des classes. Peut-être que ce système a ses limites et que ça vaudrait la peine de le repenser», souffle la conseillère d'État.
Comment améliorer le chantier de l'éducation à Genève? Anne Hiltpold espère «organiser et allouer des mêmes moyens autrement» à l'horizon de la prochaine rentrée scolaire en août 2024.