Genève

Aux Bastions et au Jardin anglais, 56 arbres sont en danger

12.05.2023 17h46 Denis Palma

EXCLUSIF – Pour protéger les arbres des Bastions et du Jardin anglais, la Ville prend des mesures et décide d’encadrer plus strictement les grands événements. Escalade et Marathon ne sont pas menacés, mais le marché de Noël va devoir quitter le Jardin anglais.

En mai 2022, suite à la chute d’un pin dans le parc des Bastions, le conseiller administratif en charge des espaces verts Alfonso Gomez avait averti les organisateurs de grands événements: «Il faudra voir l’impact de ces fêtes qui attirent des dizaines de milliers de personnes et peut-être penser à déplacer un certain nombre de ces événements». 

Deux études – très attendues – avaient été commandées par la Ville. Leurs résultats révélés aujourd’hui par Léman Bleu offrent une cartographie de chaque spécimen qui possède désormais «son propre carnet de santé». Elles portent sur le Jardin anglais et le Parc des Bastions. 

Situation meilleure aux Bastions qu’au Jardin anglais

Au Jardin anglais, sur les 163 arbres, 1 végétal sur 5 se trouve en mauvais état. En cause: «l'usage des sites qui exercent une forte pression ainsi que leur âge avancé», commente Caroline Paquet-Vannier, responsable de l’unité patrimoine arboré au SEVE. Les sols compacts, problématiques pour les végétaux, se situent majoritairement côté Lac. 

Aux Bastions, la situation est meilleure: sur les 417 arbres, plus de 90% sont en bon état, selon l’étude. Mais la vigilance reste de mise car certains spécimens pourraient rapidement décliner. «Dans un contexte de changement climatique qui va très vite, les sols peuvent aussi se compacter très vite et les arbres peuvent dépérir très rapidement». 

56 arbres protégés immédiatement 

Pour répondre à cette urgence, et protéger ce que ces études présentent comme un patrimoine arboricole «d’une richesse et une diversité remarquable», un plan d’action préconise la protection immédiate de 33 arbres au Jardin anglais répartis sur 9 périmètres de protection. Aux Bastions, 6 périmètres seront érigés dans le but de protéger 23 spécimens. «Des protections devront être mises en place à l'aide de barrières dans le but d’éviter le piétinement et les blessures mais aussi afin de réengager une reconstitution des sols», précise le plan d’action.» 

Ces protections ne sont pas définitives, elles «tourneront» comme une jachère. «Nous allons essayer de raisonner dans le temps en fonction des arbres prioritaires sur une durée de protection comprise entre 5 et 10 ans», prévient la responsable de l’unité patrimoine arboré au SEVE. 

Course de l’Escalade pas menacée

Dès à présent, les organisateurs de manifestation au Jardin anglais ou aux Bastions devront soumettre au SEVE un plan de protection des arbres à protéger. «Les arbres inclus dans les périmètres de la manifestation devront être protégés individuellement pour limiter le piétinement ou l'entreposage de matériel dans l'entourage de l'arbre. Cette protection pourra se faire à l'aide de vaubans ou autres barrières adaptées», indique le plan d’action.  

Du côté du marathon de Genève et de la Course de l’Escalade, c’est le soulagement. Les conclusions de ces études garantissent la pérennité des évènements. «Entreprendre ces démarches supplémentaires, ce sont des choses que nous avions déjà anticipées et que nous allons mettre en œuvre. Ce qui nous est demandé est tout à fait mesuré et raisonnable. La Course de l’Escalade aura lieu normalement», se félicite le directeur de la course Jerry Maspoli. 

En revanche, le marché de Noël ne pourra plus se tenir Jardin anglais. Il va migrer le long du quai du Mont-Blanc. 

Réduire la cadence

Pour Alfonso Gomez, «ces mesures représentent un changement de paradigme pour protéger le patrimoine arboré. Ces endroits sont de plus en plus sollicités par la population et les événements. Pour que ces espaces puissent demeurer à disposition des citoyens, des mesures s’imposaient», explique le conseiller administratif.

Voir aussi: Alfonso Gomez veut protéger le patrimoine arboré au même titre que le bâti. 

Enfin, la Ville de Genève envisage à moyen terme l’élaboration «d’un plan d'occupation raisonné des parcs de la Ville pour les manifestations pour aboutir à une meilleure répartition des usages entre les différents parcs». Certains secteurs pourraient être entièrement interdits aux usagers des manifestations. Les autorités pourraient également limiter les nouvelles autorisations de manifestations en imposant des jauges limitées ou des durées maximum.