Genève

Bertrand Levrat: «l’hôpital, c’est un organisme vivant»

02.05.2024 19h14 Rafael Pacheco

Levrat

Bertrand Levrat quitte les Hôpitaux universitaires de Genève, après onze ans passés comme directeur général. Il dresse son bilan et part par la grande porte. Entretien.

«L’humanité de l’institution» et «le travail et l’engagement de l’ensemble des collaborateurs», voilà ce qui vient en tête à Bertrand Levrat au moment de dresser son bilan. Le directeur général part heureux d'avoir contribué à la mission première des HUG: servir la population genevoise.

Le parcours du Genevois à la tête des HUG est évidemment marqué par la période mouvementée de la pandémie. «Au début, on ne savait pas si on allait tous mourir», se souvient le directeur général. En 2020, la crainte était de savoir si on envoyait des collaborateurs à la mort, explique-t-il. Il y avait aussi la crainte que le système sanitaire s’effondre. «On est monté à 720 patients traités en même temps d’une maladie que l’on ne connaissait pas du tout», remémore Bertrand Levrat.

«On ne fait jamais tout juste, mais on a fait au mieux»

Bertrand Levrat souligne l'importance de la présence du terrain: «J’allais tous les jours en unité Covid avec ce sentiment de "si j’envoie mes troupes, il faut que le patron soit là aussi"». A-t-il fait tout juste durant ces onze années de présidence? «On ne fait jamais tout juste, mais on a fait au mieux [...] je suis fier du bilan que l’on a, non seulement du Covid mais aussi celui des HUG», répond-il. «L’hôpital c’est un organisme vivant», analyse le Genevois sur le départ.

Ces dernières années, l'hôpital cantonal a pourtant reculé sur certains classements. Pas de quoi entacher le bilan selon le directeur général: «Nous sommes dans le top 100 de 25'000 hôpitaux. Il vous suffit de voyager un peu, puis quand vous revenez à Genève, vous savez que vous avez les HUG, et vous êtes très contents».

Existe-t-il tout de même des regrets chez Bertrand Levrat? «Au moment où je quitte les HUG, par exemple, il y a encore des chambres à 6 lits en oncologie ou orthopédie. Pour la dignité de la prise en charge du patient, j’aurais préféré partir sans que ces chambres soient encore présentes», déplore le directeur en ajoutant «Ça permet à mon successeur d’avoir encore énormément de choses à faire».

Autre job, mêmes valeurs

Bertrand Levrat rejoint le groupe Mediclinic, détenteur de 74 établissements dont les cliniques Hirslanden. À 55 ans, s’agit-il d’un départ pour pantoufler jusqu’à la retraite? «J’ai reçu mon planning, entre juin et juillet je serai trois jours à Genève… Je ne vais vraiment pas pantoufler, au contraire je vais contribuer à permettre à des systèmes de santé de prendre soin de la meilleure manière possible de leurs patients. Je ne renie ni mes valeurs ni qui je suis», souligne Bertrand Levrat.

Le Genevois a invité ses plus de 13'000 collaborateurs pour un verre de départ aux HUG ce vendredi. S'il ignore combien répondront présent, il garantit, avec le sourire, que l'hôpital ne s'arrêtera pas pour autant de fonctionner.