Genève

Eau polluée: une cacophonie communicationnelle

30.09.2024 18h29 Julie Zaugg, Rafael Pacheco

EAU POLLUEE

Au lendemain des annonces d'eau impropre à la consommation, les communes de la rive gauche s'organisent tant bien que mal face à l'arrivée des informations au compte-goutte. Le «système D» est maître-mot. 

À Corsier, ce lundi matin, la commune organisait une distribution de pack d’eau minérale aux habitants. Une distribution que le Maire aurait aimé pouvoir planifier plus tôt… «C'est bien tardivement que sont arrivées les premières informations, parfois contradictoires, ce qui nous a empêché d'établier une stratégie pour distribuer de l'eau», déplore Eric Anselmetti (Maire, Corsier).

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Pour faire front, les communes concernées se sont serrées les coudes et s’organisent ensemble via un groupe Whatsapp, avec tout de même le sentiment d’être livrées à elles-mêmes.

«Une communication digne du Moyen-Âge»

Sur ce groupe Whatsapp, le maire de Puplinge Gilles Marti n'en revient pas. Il a appris la nouvelle hier par voie de presse et indique n'avoir reçu qu'un e-mail pour attester de la situation. Il regrette la façon dont la communication a été organisée, notamment à travers le porte-à-porte effectué par les pompiers, qu'il consière «lunaire»: «C'est une communication du Moyen-Âge... Il ne fallait plus que fournir des tambours aux pompiers pour annoncer leur arrivée. On s'imagine le temps que cela prend alors qu'il existe des outils modernes utilisés dans les pays voisins où en quelques secondes, quasiment toute la population est informée automatiquement», indique le maire puplingeois.

Pendant près de sept heures ce dimanche, les pompiers volontaires ont fait du porte-à-porte auprès des résidents des communes touchées. Près de 40’000 personnes à prévenir et à informer le plus précisément possible.

Alerte lancée, informations erronées

Le commandant de la compagnie des sapeurs-pompiers de Corsier Dominique Peccoud revient sur l'alerte donnée hier par «Alertswiss»: «L'alerte indiquait que l'eau ne devait pas entrer en contact avec la peau. Puis l'information a été effacée. Il faut faire très attention avec les fakes news». Après la gestion de la désinformation, vient l’aide à la population, comme avec cet éleveur de lamas venu trouver les pompiers ce matin en invoquant des tuyaux pas assez longs pour abreuver ses bêtes.

Depuis dimanche, de nombreux point d’eau ont été installés sur la rive gauche. Pour les habitants de Corsier, le point le plus proche se situe dans la commune voisine, Anières. Sur place, le ballet des bouteilles à remplir a déjà commencé, non sans un certain ras-le-bol. «Les SIG ont toutes nos coordonnées, pour envoyer les factures il n'y a aucun souci. Je pense qu'envoyer une alerte par e-mail serait la moindre des choses», s'agace une habitante. 

Pour le député PLR Geoffray Sirolli, maraîcher à Corsier, les responsables doivent rendre des comptes. À commencer par les SIG. «Ils sont tellement intéressé par la durabilité et la façon de  communiquer qu'ils oublient leur mission pricnipale, à savoir fournir de l'eau et de l'électricité aux Genevois, de façon peu coûteuse et, surtout, sûre», rappelle-t-il. 

Contactés, la régie publique indique avoir reçu une information du Service Incendie Secours soupçonnant une contamination de l’eau dès 8h30 dimanche. Rapidement, les analyses l’ont confirmée, mais l’information a été contenue durant plusieurs heures. Sur l’absence de communication ciblée auprès des clients concernés, les SIG expliquent ne pas disposer d’un système d’alerte globale.